frontispice

La métropole fabricante à Lyon
Au défi des secteurs centraux

Patricia Lejoux
ENTPE/LAET

Rachel Linossier
Institut d’urbanisme de Lyon – Université Lyon 2/Triangle

frontispice

La métropole fabricante à Lyon
Au défi des secteurs centraux

• Sommaire du no 16•17

Patricia Lejoux ENTPE/LAET Rachel Linossier Institut d’urbanisme de Lyon – Université Lyon 2/Triangle

La métropole fabricante à Lyon : au défi des secteurs centraux, Riurba no 16•17, juillet 2024.
URL : https://www.riurba.review/article/16-productive/metropole-fabricante/
Article publié le 5 juil. 2025

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Patricia Lejoux, Rachel Linossier
Article publié le 5 juil. 2025
  • Abstract
  • Résumé

The manufacturing metropolis in Lyon: the city center challenge

The context of ecological, energy and digital transitions suggests that a new production model – a manufacturing model – is emerging and that it could help to change the way in which production activities are integrated in urban areas. Based on the case of Lyon, the aim of this article is to show how public and private players are mobilising urban planning tools to produce new areas dedicated to these manufacturing activities in the inner city, where access to land and property is particularly difficult, as well as the limits of this action.

Le contexte de transitions écologique, énergétique et numérique laisse penser qu’un nouveau modèle productif – un modèle fabricant – est en train d’émerger, et qu’il pourrait contribuer à faire évoluer les modalités d’inscription urbaine des activités productives au sein des métropoles. À partir du cas de Lyon, l’objectif de cet article est de montrer comment les acteurs publics et privés mobilisent les outils de l’aménagement et de l’urbanisme pour produire de nouvelles surfaces dédiées à ces activités fabricantes dans son centre, où l’accès au foncier et à l’immobilier est particulièrement difficile, ainsi que les limites de cette action.

Cet encadré technique n’est affiché que pour les administrateurs
post->ID de l’article : 5562 • Résumé en_US : 5583 • Résumé fr_FR : 5580 • Sous-titre[0] : A

Introduction

En rupture avec les logiques des décennies précédentes, certaines métropoles européennes cherchent aujourd’hui à retenir et à redéployer des activités productives (industrie, artisanat, BTP, logistique, etc.) sur leur territoire et jusque dans leur centre, plutôt qu’à les rejeter toujours plus loin en périphérie, voire vers d’autres villes, moyennes ou petites (Fedeli et al., 2020[1]Fedeli V, Mariotti I, Di Matteo D et al. (2020). Metropolitan industrial spatial strategies & economic sprawl (MISTA), Luxembourg, ESPON. ; Hill et Warden, 2018[2]Hill AV, Warden J. (2018). Cities of making. Cities report, Brussels, Cities of making.). Ce changement peut s’expliquer par plusieurs éléments : la prise de conscience des limites de certains paradigmes urbains contemporains centrés sur le développement de la « ville créative » et l’économie de la connaissance (Florida, 2004[3]Florida R. (2004). The rise of the creative class: and how it’s transforming work, leisure, community and everyday life, New York, Basic Books. ; Landry, 2008[4]Landry C. (2008). The creative city: a toolkit for urban innovators, Londres, New Stroud.), les difficultés rencontrées par l’immobilier tertiaire face au développement du télétravail, la mise en évidence par la crise du COVID-19 de la nécessité de produire plus localement, la relance des politiques industrielles depuis la crise de 2008 (France Stratégie, 2020[5]France Stratégie. (2020). Les politiques industrielles en France. Évolutions et comparaisons internationales, Paris, France Stratégie. ; Voy-Gillis et Lluansi, 2020[6]Voy-Gillis A, Lluansi O. (2020). Vers la renaissance industrielle, Paris, Marie B.). Nous émettons l’hypothèse que ce changement pourrait être lié, plus fondamentalement, à une prise de conscience des enjeux que peuvent représenter ces activités productives dans un contexte de transitions écologique, énergétique et numérique (Crague et Levratto, 2022[7]Crague G, Levratto N. (2022). « Au-delà de la relocalisation de l’industrie : la ville productive », Métropolitiques, 10 janvier 2022. [En ligne). Les évolutions actuelles, marquées par le développement de nouveaux procédés de fabrication (raccourcissement des cycles R&D/production, numérisation, automatisation, fabrication additive, écoconception, économie circulaire, etc.), laissent penser qu’un nouveau modèle productif est en train de s’inventer. Il correspondrait à l’émergence d’une nouvelle modalité des modèles productifs qui, depuis le XVIIIe siècle, évoluent en fonction des transformations des modes de croissance (modèle taylorien, woolardien, fordien, sloanien, toyotien, hondien) (Boyer et Freyssenet, 2000[8]Boyer R, Freyssenet M. (2000). Les modèles productifs, Paris, La Découverte.). Ces modèles productifs, qui continuent de cohabiter, se matérialisent dans des formes urbaines particulières, caractérisées par une localisation (centre, périphérie…), des modalités d’insertion urbaine (pied d’immeuble, zone d’activités…) et des formes architecturales (usine, atelier…) (Brunet, 1992[9]Brunet R (dir.). (1992). Les mots de la géographie. Dictionnaire critique, Paris, Reclus La Documentation française. ; Mérenne-Schoumaker, 2008[10]Mérenne-Schoumaker B. (2008). La localisation des industries : enjeux et dynamiques, Rennes, Presses Universitaires de Rennes. ; Edelblutte, 2009[11]Edelblutte S. (2009). Paysages et territoires de l’industrie en Europe. Héritages et renouveaux, Paris, Ellipses. ; Linossier et al., 2014[12]Linossier R, Novarina G, Seigneuret N, Trotta G. (2014). Les espaces économiques de la ville. Spécialisation et intégration, Paris, PUCA. ; Lejoux, 2018[13]Lejoux P. (2018). « Quelle place pour la zone d’activités économiques dans la fabrique de la ville contemporaine ? », dans Baudelle G, Gaultier G (dir.), Les nouvelles fabriques de la ville. Objets, référentiels et méthodes, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 25-32.). S’il est encore trop tôt pour définir précisément les contours de cette nouvelle modalité des modèles productifs liée aux transitions écologique, énergétique et numérique, il semble important néanmoins de la nommer. Pour cela, nous avons choisi le terme « fabricant ». Sur le plan économique, ce terme traduit un certain retour réflexif sur l’activité de transformation de la matière (pourquoi, comment et pour qui produire ?) qui s’incarne aujourd’hui dans la remise au goût du jour du « faire » (Lallement, 2015[14]Lallement M. (2015). L’âge du faire. Hacking, travail, anarchie, Paris, Seuil.) à travers le mouvement des makers (Anderson, 2012[15]Anderson C. (2012). Makers. The New Industrial Revolution, New-York, Crown Business. ; Berrebi-Hoffmann et al., 2018[16]Berrebi-Hoffmann I, Bureau MC, Lallement M. (2018). Makers. Enquête sur les laboratoires du changement social, Paris, Seuil.), de l’urban manufacturing ou des cities of making (Hill et Warden, 2018[17]Op. cit.) et de l’économie circulaire (Ledoux et Richa, 2022[18]Ledoux E, Richa G. (2022). Pivoter vers l’industrie circulaire. Construire un futur avec une nouvelle génération d’entreprises, Paris, Dunod.). Sur le plan urbanistique, il fait le lien avec la notion de « fabrique urbaine », qui consiste à envisager l’évolution des villes comme un processus résultant des interactions, dans le temps long, entre la matérialité des espaces urbains (voies, parcelles, bâti, réseaux techniques) et les acteurs impliqués à divers titres dans la production de l’espace urbain (pouvoirs publics, habitants, associations, entreprises) (Galinié, 2000[19]Galinié H. (2000). Ville, espace urbain et archéologie, Tours, Maison des sciences de la ville. ; Noizet, 2007[20]Noizet H. (2007). La fabrique de la ville. Espace et sociétés à Tours (IXe-XIIIe siècle), Paris, Éditions de la Sorbonne. et 2013[21]Noizet H. (2013). « Fabrique urbaine », dans Lévy J, Lussault M (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, p. 389-391.). Il permet ainsi d’interroger la façon dont les activités productives, qui sont une composante des espaces urbains, se renouvellent dans leurs modes d’implantation à travers l’action conjointe des acteurs dans cette période de transitions écologique, énergétique et numérique. Quels peuvent être les modes d’inscription urbaine de ces activités fabricantes ? L’objectif de cet article est d’apporter des premiers éléments de connaissance à partir de l’exemple de la Métropole de Lyon. Le cas lyonnais est particulièrement intéressant à étudier car, depuis son élection en 2020, le nouvel exécutif écologiste poursuit une politique volontariste en faveur du maintien et du développement des activités productives, qui repose précisément sur le postulat selon lequel les activités productives ne sont pas un frein mais un levier de la transition écologique métropolitaine. Il incarne ainsi la potentialité d’une « métropole fabricante ». Après avoir présenté le contexte de production de cette analyse du projet de métropole fabricante à Lyon et le cas d’étude de Villeurbanne, commune centrale de la métropole, nous montrerons comment les acteurs publics et privés locaux mobilisent les outils de l’aménagement et de l’urbanisme pour bâtir cette métropole fabricante jusque dans son cœur dense, ainsi que les limites de cette mobilisation.

Bâtir la métropole fabricante : le défi des secteurs centraux

La Métropole de Lyon a utilisé le vocable de « métropole fabricante » et « d’activités fabricantes » à partir de 2016 pour qualifier sa stratégie de développement économique. Faisant référence au modèle ancien de la fabrique lyonnaise de la soie[22]Système productif intensif sans usine, fondé sur le travail « à façon » : des négociants – concepteurs et donneurs d’ordres « sans murs » dits « fabricants » (ou « soyeux ») – commandaient à des ouvriers travaillant à domicile (les canuts) la réalisation des modèles du XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle (Brunet, 1992, op. cit.)., ce terme englobe l’industrie, l’artisanat et toutes les formes d’activités de transformation de la matière, traditionnelles comme émergentes, y compris la réparation et le recyclage. L’arrivée du nouvel exécutif écologiste à la tête de la Métropole de Lyon en 2020 a amplifié cette politique en faveur des activités fabricantes en faisant de l’industrie le levier central de la transition écologique du territoire métropolitain. Ce positionnement stratégique d’une métropole en faveur du maintien et du développement des activités fabricantes sur son territoire est un fait suffisamment rare pour être souligné et étudié. C’est ce qui a notamment motivé le financement d’une recherche-action sur le cas lyonnais dans le cadre du programme Ville productive du PUCA, dont l’un des terrains d’étude est la commune de Villeurbanne, située dans le centre de la métropole. Ce terrain est représentatif des problématiques d’implantation que rencontrent les activités fabricantes en secteur central et auxquelles tente de répondre la politique métropolitaine.

Les résultats d’une recherche-action

Les résultats présentés dans le cadre de cet article sont issus d’une recherche-action[23]Intitulée « Lyon, métropole fabricante de demain ? », la recherche a été réalisée conjointement par le LAET (Univ Lyon-ENTPE), Triangle (Univ Lyon-Université Lyon 2) et deux bureaux d’études spécialisés : OPEOPatriarche réalisée de février 2021 à mars 2023 et financée par le PUCA, la Fabrique de l’industrie et la Métropole de Lyon, dans le cadre de l’appel à projets « Quelle place pour le travail en ville ? Les conditions économiques, sociales et environnementales de la ville productive », lancé par le PUCA en 2020 (Lejoux et al., 2025[24]Lejoux P, Linossier R, Abihissa O et al. (2025). Concilier développement productif et transition écologique. L’améngement de la métropole fabricante à Lyon, Paris, PUCA, La Fabrique de l’industrie.).

Cette recherche visait à tester, sur Lyon, l’hypothèse d’un projet de « métropole fabricante » susceptible de permettre le développement et le maintien d’activités productives au sein des espaces métropolitains dans le contexte des transitions écologique, énergétique et numérique en cours. Ce contexte amène, en effet, à repenser la relation entre activités productives et espaces métropolitains et à parler d’activités fabricantes. La métropole lyonnaise apparaît comme un « laboratoire » pour étudier cette évolution, en raison, d’abord, du lien historique, singulier et toujours réinventé que Lyon entretient avec les activités productives, de la soierie à la chimie en passant par l’automobile. Ensuite, l’arrivée d’élus écologistes à la tête de la Métropole de Lyon lors des élections métropolitaines et municipales de 2020 a introduit une rupture par rapport à la période précédente, marquée par les mandats de G. Collomb (2001-2017) et D. Kimelfeld (2017-2020), contribuant au développement d’une politique volontariste en faveur des activités fabricantes (Linossier, 2023[25]Linossier R. (2023). « De la ville industrielle à la métropole fabricante. L’aménagement urbain des activités productives », dans Mercier A, Verhage R (dir.), Lyon, métropole en mouvement, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, p. 45-70.).

Dans cette recherche, deux dispositifs méthodologiques ont été mobilisés : la réalisation d’entretiens semi-directifs et l’organisation d’ateliers prospectifs[26]En concertation et avec l’appui de la direction économie de la Métropole de Lyon..

Les 18 entretiens réalisés avec des acteurs locaux (neuf cadres et chefs d’entreprises, neuf acteurs publics) ont permis de recueillir leur point de vue sur la problématique du maintien et du développement des activités fabricantes au sein de la métropole lyonnaise. Concernant les acteurs publics, nous avons cherché à diversifier à la fois les institutions, les fonctions (élu/technicien, service développement économique/service urbanisme) et les terrains d’étude (secteur central, première couronne, deuxième couronne de la métropole). Nous les avons interrogés sur la définition des activités fabricantes et leur localisation dans l’espace métropolitain, les enjeux du développement d’une métropole fabricante à Lyon, l’état de l’offre et de la demande foncière et immobilière dédiée, les outils utilisés et les principaux partenaires mobilisés pour agir. Concernant les entreprises, nous nous sommes efforcés de diversifier le panel en termes de taille, de secteurs d’activités, de localisation et d’ancienneté sur le territoire, sur la base des contacts fournis par les acteurs publics. Ces neuf entretiens avec des cadres et chefs d’entreprises locales ont permis d’aborder leur définition des activités fabricantes et les enjeux du développement d’une métropole fabricante à Lyon, les critères de localisation de leur activité, l’historique de leur implantation, les avantages et limites de leur localisation actuelle, l’offre foncière ou immobilière qui leur était proposée, l’aide éventuelle apportée par les acteurs publics, leurs projets de développement dans un avenir proche.

Un premier atelier prospectif « Voix des entreprises » a été organisé pour saisir plus précisément les évolutions auxquelles sont confrontées les activités fabricantes face aux transitions écologique, énergétique et numérique en cours, et leurs conséquences sur les besoins d’implantation et de développement des entreprises au sein des espaces urbains. L’objectif était d’esquisser les contours du nouveau modèle productif, que nous appelons ici « fabricant », en interrogeant, d’une part, les caractéristiques de fonctionnement de ces activités et, d’autre part, les contraintes et opportunités rencontrées au moment de leur lancement, dans leur quotidien et dans leur développement. Nous avons donc choisi d’interroger la partie « immergée » de ce modèle en sélectionnant des entreprises qui, pour la plupart, sont déjà en rupture avec les modèles productifs classiques. Il s’agit essentiellement de petites et moyennes entreprises locales, implantées en partie dans le centre de la métropole lyonnaise, appartenant à des secteurs d’activité diversifiés (bâtiment, textile, réparation, etc.) dont beaucoup s’inscrivent dans le champ de l’économie circulaire. Sur les 34 entreprises invitées, 11 ont accepté, et sept ont effectivement participé à l’atelier, préparé et animé par le bureau d’études OPEO. Dans un premier temps, les entreprises ont décrit leur modèle productif. Chacune a d’abord présenté ses caractéristiques (historique de création, effectifs, types de qualifications, chiffre d’affaires, etc.), son activité, en s’appuyant sur des photos qu’elle avait prises, sa localisation et ses locaux, ses perspectives de développement et sa vision d’une métropole fabricante. Ensuite, les entreprises ont exprimé, à travers une experience map[27]Représentation synthétique et visuelle de l’expérience qu’ont des acteurs d’une situation donnée. Elle prend la forme d’un schéma (linéaire, par étapes ou séquences…) ou d’une carte construite à partir des réponses des acteurs à quelques questions ouvertes concernant leurs usages, besoins et ressentis vis-à-vis de la situation donnée. Cette cartographie est généralement réalisée à l’aide de papillons autocollants de couleur présentant les réponses, et qui sont apposés sur des panneaux muraux ou un tableau pour faciliter le partage collaboratif., les contraintes et opportunités rencontrées au moment de leur lancement (critères de localisation, recherche de locaux, etc.), dans leur quotidien (activité dans les locaux, gestion des flux entrants et sortants, etc.) et dans leurs projets de développement.

Le deuxième atelier prospectif, conçu et animé par Patriarche, avait pour but de réfléchir aux stratégies, outils et dispositifs fonciers et immobiliers mobilisés pour maintenir et développer les activités fabricantes au sein des espaces métropolitains. Dans un premier temps, les actions déployées par la Métropole de Lyon ont été mises en perspective avec celles d’autres territoires métropolitains, en comparant plus particulièrement leurs stratégies foncières et de planification urbaine dédiées. Des représentants de Nantes Métropole, de l’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre, de Grand Paris Aménagement et de France Urbaine sont venus témoigner et échanger. Le deuxième temps était consacré à une réflexion sur les outils existants pour réaliser des opérations immobilières mixtes incluant des activités fabricantes, appuyée sur les regards croisés d’acteurs intervenant dans ce type d’opérations. Après une présentation par la Métropole de Lyon des principaux freins auxquels elle est confrontée dans ses montages financiers et opérationnels, deux réalisations innovantes ont été présentées : le Village d’entreprises de demain, développé par la Société d’équipement de la région lyonnaise (SERL)[28]Société d’aménagement dont la Métropole de Lyon, le département du Rhône, la CCI, la Caisse des Dépôts et Consignations, des bailleurs sociaux, divers organismes bancaires et des filiales d’Engie et EDF sont actionnaires. sur plusieurs sites de la métropole (figure 1), et le bâtiment SuperNova du promoteur BART, au Bourget-du-Lac. Enfin, le cabinet d’avocats Racine a partagé son analyse des avantages et inconvénients des différents leviers juridiques et opérationnels activables pour maintenir et développer les activités fabricantes au sein des espaces métropolitains.

Figure 1. Le village d’entreprises Pressensé, à Villeurbanne (cliché : SERL ©L. Danière).

Villeurbanne : un secteur central de la métropole fabricante

Un des terrains d’étude de cette recherche est la commune de Villeurbanne, située au centre de la métropole lyonnaise. Composée d’un tissu urbain à la fois dense et mixte, elle accueille encore de nombreuses activités fabricantes du fait de son riche passé industriel, mais aussi de la volonté des exécutifs municipaux successifs de conserver et renforcer cette identité. Ces activités sont très variées (figure 2) : artisanat d’art et métiers de bouche, BTP, maintenance industrielle et technique, sécurité et nettoyage, mobilités et logistique urbaine, industries créatives, fabrication alimentaire voire micro-usines… (OPALE, 2021[29]Opale. (2021). La ville fabricante à Lyon et Villeurbanne, Lyon, Urbalyon.). Elles sont souvent hybridées avec des fonctions commerciales, servicielles et/ou artistiques et culturelles. Leur implantation en tissu urbain dense s’explique par la concentration de clients, de main-d’œuvre, de fournisseurs et de partenaires potentiels qu’elles peuvent y trouver. En retour, par leur présence, elles contribuent à l’existence d’une offre d’emplois diversifiée (ingénieurs, créatifs, techniciens, employés, ouvriers…), à la qualité du cadre de vie par les services de proximité, du quotidien ou plus rares, qu’elles apportent aux habitants et aux entreprises, et à la mixité fonctionnelle et économique des quartiers centraux de la métropole.

Figure 2. Les activités fabricantes à Lyon et Villeurbanne (source : OPALE, 2021, p. 3).

L’accès de ces activités fabricantes au foncier et à l’immobilier est toutefois rendu très difficile par la concurrence exacerbée de l’habitat et des bureaux, déclenchée par le processus d’éviction-remplacement de l’industrie dans le centre de la métropole lyonnaise depuis les années 1950 (Bonneville, 1978[30]Bonneville M. (1978). Villeurbanne : naissance et métamorphose d’une banlieue ouvrière. Processus et formes d’urbanisation, Lyon, Presses universitaires de Lyon. ; 1982[31]Bonneville M. (1982). « La réutilisation des terrains industriels dans le centre de l’agglomération lyonnaise : les nouvelles orientations des politiques municipales », dans CNFG-CGI, L’Usine dans la ville, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, p. 21-43. ; Linossier, 2023[32]Op. cit.). La compétition entre les fonctions est particulièrement intense dans les quartiers villeurbannais de Grandclément, Carré de Soie et Saint-Jean, qui sont à la fois des pôles de concentration d’emplois de fabrication et d’assemblage (figure 3), et des secteurs en première ligne des processus de renouvellement urbain. Dans ce contexte très tendu, les activités qui relèvent du néoartisanat à forte valeur ajoutée (industries du luxe, métiers d’art, réparation-refabrication), du recyclage-réemploi (y compris des déchets) et de la production de biens en petites séries ou à la carte au sein de micro-usines, semblent les plus à même de se maintenir et de se développer, dans la mouvance des fablabs et autres makerspaces urbains (Bosqué et Ricard, 2015[33]Bosqué C, Ricard L. (2015). FabLabs, etc. les nouveaux espaces de fabrication numérique, Paris, Eyrolles. ; Bosqué, 2021[34]Bosqué C. (2021). Open design. Fabrication numérique et mouvement maker, Paris, Éditions B42.). Pour autant, elles n’ont pas vocation à se substituer mais plutôt à s’ajouter aux activités artisanales plus banales et classiques (métiers de bouche, cordonniers, électriciens, plombiers, etc.), dont la présence dans la zone centrale de la métropole est toujours souhaitée.

Figure 3. La concentration spatiale des emplois salariés de la fabrication et de l’assemblage (source : OPALE, 2021, p.14).

À Villeurbanne, l’enjeu pour les acteurs publics est donc de maintenir – et si possible développer – les activités fabricantes malgré les fortes contraintes auxquelles elles sont soumises : rareté des surfaces disponibles, prix élevés, configurations spatiales des locaux peu adaptées aux besoins, concurrence exercée par les autres fonctions et activités, etc. Cette volonté s’inscrit dans la continuité des politiques urbaines de la municipalité qui s’est singularisée dès les années 1970-1980 au sein de l’agglomération métropolitaine par des choix favorables au maintien des activités industrielles et de fabrication : limitation des changements d’affectation des sols dédiés dans les documents d’urbanisme, accueil de parcs d’activités sur les tènements libérés (Linossier, 2023[35]Op. cit.). 

Les îlots et parcelles en mutation cristallisent les enjeux urbanistiques relatifs au maintien et au redéveloppement des activités fabricantes, tant du point de vue morphologique que du point de vue économique, réglementaire ou procédural. C’est en effet à cette échelle que peuvent se décliner les solutions foncières et immobilières d’implantation pour les petites unités de fabrication en tissu urbain dense, sous des formes diverses : usines, villages d’entreprises, pieds d’immeuble, locaux mutualisés… Mais la hausse des prix du foncier, tirée par la financiarisation de l’immobilier résidentiel et d’entreprises (Guironnet et Halbert, 2023[36]Guironnet A, Halbert L. (2023). L’empire urbain de la finance. Pouvoirs et inégalités dans le capitalisme de gestion d’actifs, Paris, Éditions Amsterdam.) pousse à la standardisation voire à la disparition des surfaces dédiées, laissant peu de place aux activités fabricantes. Le terrain villeurbannais est ainsi représentatif des possibilités qu’offrent les outils de l’aménagement et de l’urbanisme pour favoriser la réindustrialisation des centres métropolitains mais aussi de leurs limites, pour répondre aux difficultés que rencontrent les entreprises fabricantes pour se loger.

Des activités fabricantes mal logées

Les entretiens et le premier atelier prospectif avec les entreprises ont mis en évidence le principal frein au maintien et au développement des activités fabricantes dans le secteur central de la métropole lyonnaise : leur difficulté à se loger. Outre son insuffisance quantitative, l’offre de surfaces disponibles à Villeurbanne ne correspond que très peu aux besoins, tant en matière de typologie de locaux que de terrains à bâtir. Ces derniers sont très rares et inaccessibles financièrement. Sur le marché de l’ancien, il n’y a quasiment pas de bâtiments à vendre, tout au mieux quelques surfaces à louer. Sur le marché du neuf, l’offre est très réduite et souvent inadaptée, en termes de prix à la location ou à la vente comme de configuration des locaux (surdimensionnement des parties bureau, sous-dimensionnement des portes d’accès, etc.). Cette situation s’explique en grande partie par le modèle économique mis en œuvre par les promoteurs immobiliers, qui repose sur un alignement du contenu des programmes et des prix de sortie avec les taux de rentabilité des opérations, qui sont généralement tirés à la hausse par l’offre tertiaire voire résidentielle sur le territoire. En clair, les activités fabricantes n’offrent pas de perspectives de rentabilité suffisantes aux investisseurs et constructeurs pour motiver la production de surfaces qui correspondent à leurs besoins.

Confrontées à ces obstacles, les entreprises fabricantes n’ont souvent pas d’autre choix que de se localiser ailleurs qu’à Villeurbanne, en première ou en seconde couronne, voire en dehors de la métropole. Sinon, elles sont contraintes de se rabattre sur ce qu’elles trouvent et de se contenter d’opportunités pas toujours adaptées, sans véritable possibilité de poursuivre une stratégie raisonnée en matière de « parcours résidentiel ». L’Atelier urbain, qui regroupe des artisans et des créateurs d’objets (meubles, vélos, céramiques, décoration…), s’est notamment implanté dans des garages au pied d’un immeuble résidentiel[37]L’Atelier urbain, collectif d’artisans [En ligne. D’autres activités sont « réfugiées », faute de mieux, au sein des quartiers pavillonnaires (Linossier, 2018[38]Linossier R. (2018). « Work in my backyard : l’intensification urbaine par les activités économiques », dans Léger JM, Mariolle B (dir.), Densifier/dédensifier. Penser les campagnes urbaines, Marseille, Parenthèses, p. 86-99.). En filant la métaphore avec le champ du logement, certaines activités fabricantes peuvent ainsi être qualifiées de « mal logées ». Bien entendu, il ne s’agit pas ici de traiter sur un pied d’égalité la situation de personnes et celle d’entreprises, mais de mettre en évidence l’existence de difficultés structurelles dans l’accès à des surfaces au sein des espaces métropolitains, qui sont préjudiciables à certaines activités économiques.

En s’appuyant sur l’Observatoire des inégalités[39]Observatoire des inégalités, Thème Mode de vie-Logement [En ligne, trois formes de mal-logement des activités fabricantes peuvent être identifiées :

  • des locaux dégradés et inconfortables : manque d’isolation thermique, présence d’amiante, aération insuffisante entraînant une mauvaise qualité de l’air ambiant, défaut de raccordement aux réseaux (puissance en électricité, évacuation des eaux usées et de pluie, haut débit…), absence de quais de chargement/déchargement pour les livraisons, localisation en sous-sol nécessitant l’usage d’une rampe et/ou d’un charriot élévateur, etc. ;
  • le manque d’espace : impossibilité de s’agrandir pour développer l’activité, « bricolage » immobilier ou foncier au gré des opportunités pour réaliser les extensions nécessaires ;
  • un accès précaire aux surfaces : certaines entreprises locataires parlent de « précarité immobilière » pour qualifier leur situation, dans la mesure où elles peuvent être amenées à devoir quitter leurs locaux d’un jour à l’autre, et ne peuvent donc pas investir durablement dans l’équipement et l’aménagement (baux précaires).

La disponibilité et l’adaptation de l’offre de surfaces aux besoins et aux capacités financières des entreprises fabricantes constituent donc un enjeu de premier plan pour garantir leur présence dans les espaces centraux métropolitains. Également identifié dans le contexte parisien en empruntant la sémantique du droit à la ville des activités productives (Trautmann et Rahmouni, 2019[40]Trautmann F, Rahmouni F. (2019). « Activités “productives” en ville : une espèce en voie de régulation ? », Revue Sur-mesure [En ligne), cet enjeu appelle un positionnement régulateur et proactif de la collectivité aux côtés des entreprises et des opérateurs privés de l’aménagement, de l’urbanisme et de la construction immobilière. Il s’agit pour les pouvoirs publics et leurs partenaires de travailler ensemble au renforcement de la capacité d’accueil du territoire, en augmentant quantitativement le stock de surfaces disponibles et en améliorant qualitativement les « conditions de logement » offertes.

Usages et limites des outils
de l’urbanisme et de l’aménagement
pour accueillir les activités fabricantes

Deux types de leviers peuvent être activés par les acteurs locaux pour favoriser la présence des activités fabricantes dans les secteurs centraux de la métropole, l’un pouvant être qualifié de « soft », l’autre de « hard » (Halbert, 2013[41]Halbert L. (2013). « Les deux options métropolitaines des politiques de développement territorial », Annales de géographie, n° 1, p. 108-121. ; Crague, 2017[42]Crague G. (2017). « Le maintien des entreprises, un problème d’urbanisme. L’équilibre fonctionnel comme principe d’intervention économique localRIURBA, n° 4. ; 2019[43]Crague G. (2019). Faire la ville avec l’industrie. Métropoles et villes moyennes : 4 retours d’expériences, Paris, Presses des Ponts.). Le premier concerne les actions d’animation économique (soutien à la constitution de filières locales, développement des relations interentreprises, accompagnement des porteurs de projet, démarches de marketing territorial, etc.). Le deuxième consiste à mener des actions sur l’espace physique afin de permettre l’implantation, le développement et le maintien des activités fabricantes sur le territoire métropolitain (politique foncière et immobilière, aménagement urbain, développement des infrastructures, etc.). Notre approche étant ancrée dans le champ de l’aménagement de l’espace et de l’urbanisme, nous portons l’analyse sur ce deuxième levier du « hard », qui est principalement mis en œuvre par la mobilisation des outils de la planification urbaine (droit des sols) et de l’urbanisme opérationnel.

L’utilisation de la planification et du droit des sols

L’urbanisme réglementaire, à travers le plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLU-H) de la Métropole de Lyon, adopté en 2018, et ses modifications successives, permet de garantir la vocation fabricante de fonciers économiques dans les tissus urbains villeurbannais, à fortiori quand ils ne sont pas maîtrisés par la collectivité. En particulier, la sous-destination UEi1 réserve l’usage d’espaces à l’industrie, à l’artisanat et aux activités associées (laboratoires, réparation, entreposage, services d’accompagnement dont la restauration et le commerce de gros). Avec un peu plus de 180 hectares classés en UEi1, Villeurbanne totalise 10 % des surfaces métropolitaines dédiées. Elles sont principalement situées dans le sud et l’est de la commune, la partie la plus centrale du territoire ne comportant que quelques parcelles sauvegardées en diffus (figure 4). Cet émiettement résiduel est l’héritage des choix de micro-zonage opérés dans les années 1980 (Tuppen, 1986[44]Tuppen J. (1986). « Core periphery in metropolitan development and planning: socio-economic change in Lyon since 1960 », Geoforum, n° 17(1), p. 1-37.).

Figure 4. Les zonages urbains dédiés aux activités fabricantes dans le PLU-H de la Métropole de Lyon (source : UrbaLyon).

Pour renforcer l’efficacité des zonages UEi1 et garantir la pérennité d’une offre de surfaces dédiées aux activités fabricantes sur des zonages plus permissifs pour les autres fonctions (UEi2 économique ouvert à tout type d’activités, URm1 mixte à dominante d’habitat, URc2 à dominante résidentielle…), des prescriptions et des servitudes d’urbanisme sont également utilisées de façon ponctuelle et diffuse : linéaires de protection, bonifications de droits à construire, gabarits adaptés, orientations d’aménagement et de programmation (OAP)… Les secteurs de mixité fonctionnelle (SMF) permettent notamment de prescrire, à l’échelle des unités foncières (parcelle, îlot), des règles d’affectation du sol et de destination des constructions imposant la (re)création de bâtiments, de rez-de-chaussée (RDC) et/ou un pourcentage minimum de surfaces de plancher (SDP) dédiées à une fonction (destination ou sous-destination) dans les projets immobiliers. Ils orientent ainsi le contenu et la destination fonctionnelle de la production immobilière neuve, en fixant des obligations à tenir dans les programmes. Cette contrainte est d’autant plus forte que les destinations prescrites sont précises et restrictives (sous-destination « industrie » ou « bureau » plutôt que destination « activités secondaires et tertiaires », par exemple), et qu’elles sont quantifiées (en pourcentage de SDP).

Concernant les activités fabricantes, l’usage des SMF relève toutefois d’un « urbanisme de dentelle » plus défensif qu’offensif dans la Métropole de Lyon, principalement déployé dans les secteurs fortement impactés par le renouvellement urbain (Kerdoudi, 2022[45]Kerdoudi M. (2022). « La préservation et le développement des activités productives artisanales dans les centralités urbaines denses. Le cas de la Métropole de Lyon », mémoire de master 2 Urbanisme et Aménagement, Institut d’Urbanisme de Lyon, Lyon 2.). Sur l’ensemble du territoire, cette contrainte programmatique « fabricante » se décline en effet à travers une vingtaine de SMF prévoyant une sous-destination « industrie » totale ou partielle, dont une minorité concerne des unités foncières où il n’y avait pas d’activités productives auparavant. À Villeurbanne, les sept SMF « fabricants » concernent d’anciens ténements industriels voués au renouvellement urbain. Définis en deux temps (révision du PLUH en 2019 ; modification n° 4 en 2024), ils couvrent une superficie totale de sept hectares (figure 5). Le déploiement ponctuel de l’outil SMF permet donc surtout de sécuriser, au cas par cas, le renouvellement au moins partiel d’une offre de surfaces bâties pour les activités fabricantes, sur des parcelles mutables qui étaient déjà occupées auparavant par des fonctions industrielles. Mais il ne permet pas d’augmenter significativement l’offre de surfaces dédiées, ni d’ouvrir de nouveaux espaces dans des secteurs de la ville où elles n’étaient pas déjà présentes.

Figure 5. Les SMF « fabricants » de Villeurbanne (sources : PLU-H de la Métropole de Lyon ; Géoportail).

À défaut d’apporter une solution quantitativement satisfaisante pour répondre aux besoins de surfaces des activités fabricantes, l’utilisation de l’outil SMF génère cependant quelques bénéfices qualitatifs, susceptibles d’améliorer l’offre disponible en termes de prix et de configuration. La mise en place de SMF « fabricants » a en effet permis de « préparer le terrain » auprès des propriétaires fonciers et des promoteurs immobiliers en amont des réalisations, en particulier sur la question des valeurs foncières, des coûts de sortie et des arbitrages programmatiques qui en résultent. Des discussions ont eu lieu entre les techniciens de la collectivité (métropole, ville de Villeurbanne, agence d’urbanisme), les usagers potentiels visés (chambre des métiers et de l’artisanat) et des opérateurs immobiliers (propriétaires, investisseurs, promoteurs) pour définir les pourcentages de SDP dédiés à prévoir, sur la base d’études de potentiel économique et urbain des sites. Elles ont notamment contribué à « calmer le jeu des enchères » sur les charges foncières du côté des propriétaires de terrains et ont amorcé, du côté des promoteurs et investisseurs, l’intégration de surfaces dédiées à des fonctions moins rentables que le logement ou les bureaux – comme les activités fabricantes – dans les projets immobiliers (Kerdoudi, 2022[46]Op. cit.). L’instauration de SMF a aussi suscité des démarches de coconception des projets entre la collectivité et les opérateurs privés, pour mettre en cohérence, parfois très en amont des dépôts de permis de construire, les futurs programmes immobiliers avec les prescriptions et servitudes d’urbanisme qui accompagnent certains SMF (OAP, polygones d’implantation, emplacement réservé pour la voirie…). Autant de démarches qui relèvent d’une forme d’urbanisme négocié.

Le recours aux démarches partenariales d’urbanisme négocié

L’urbanisme négocié correspond à la coconstruction de projets urbains par des acteurs publics et des acteurs privés (Fauvet, 2012[47]Fauvet G (dir.). (2012). Urbanisme négocié, urbanisme partagé, Lyon, CEREMA.). Il repose sur une relation d’échanges, voire de partenariat, dont l’objectif est de trouver des solutions programmatiques et opérationnelles satisfaisant les différents intérêts en présence : l’intérêt général porté par la puissance publique, d’un côté, les intérêts particuliers des opérateurs privés et des entreprises, de l’autre (Crozier et al., 2013[48]Crozier D, Kohler S, Adolf M et al. (2013). Des projets négociés. Entre stratégie publique et intérêts privés, Metz, CETE de l’Est, Nord Picardie, Ile de France, Sud-Ouest et de Lyon / ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.). La mise en œuvre de ce type de démarche entre la collectivité et les propriétaires fonciers ou les investisseurs (promoteurs/constructeurs) s’observe dans toutes les phases de l’urbanisme opérationnel mais aussi en amont des projets, dès l’élaboration des orientations réglementaires du droit des sols. Il reflète l’évolution des pratiques du développement économique, de l’aménagement et de la construction immobilière, dans un contexte de raréfaction des gisements fonciers, de faible maîtrise foncière des acteurs publics et d’exacerbation de la concurrence entre les fonctions urbaines en contexte métropolitain (Verhage et Linossier, 2009[49]Verhage R, Linossier R. (2009). « La coproduction public/privé des projets urbains », dans Boino P (dir.), Lyon. La production de la ville, Marseille, Parenthèses, p. 144-171.).

Le recours à l’urbanisme négocié s’inscrit dans un contexte d’alignement politique des acteurs publics et privés de la Métropole de Lyon sur la nécessité de maintenir et développer les activités fabricantes au sein de l’espace métropolitain face au défi des transitions. Ce consensus résulte de l’alliance historique de la collectivité et du monde économique au service du développement territorial (Linossier, 2020[50]Linossier R. (2020). « L’invention de la métropole de Lyon par la planification stratégique, entre intérêts économiques et affirmation d’un statut métropolitain », Actes du colloque international « Inventer le Grand Paris, Histoire croisée des métropoles », ENSA Paris Belleville, décembre 2016. [En ligne), qui a été réactualisée en 2021 avec le Manifeste pour une industrie qui se transforme et s’engage pour l’environnement, signé par 150 entreprises locales. Ces relations privilégiées se traduisent par des discussions régulières entre élus, services techniques métropolitains et municipaux, services consulaires, propriétaires fonciers, entreprises et opérateurs de l’aménagement et de la construction, pour accompagner les projets d’implantation et de développement (suivi des cessions / acquisitions de terrains, modification des règles d’urbanisme, réaménagements de voirie, réalisation d’équipements complémentaires, etc.) et faciliter la prise en compte des besoins spécifiques des activités fabricantes dans les programmes immobiliers.

À Villeurbanne, plusieurs projets urbains partenariaux (PUP) donnent un cadre juridique à ces démarches d’urbanisme négocié. Le PUP est un outil contractuel, dont la première finalité est financière, servant à régler la répartition des charges d’équipements publics nécessaires aux réalisations d’aménagement et de construction, entre la collectivité (commune, métropole) et les opérateurs privés. Dans une « utilisation plus “experte”, puisque articulée avec d’autres dispositifs de l’urbanisme réglementaire et opérationnel » (Fauvet, Menez et Crozier, 2017, p. 21[51]Fauvet G, Menez F, Crozier D. (2017). « Le projet urbain partenarial : financer les équipements et négocier le projet », La revue foncière, n° 18, p. 18-22.), le PUP permet aussi aux parties prenantes de travailler ensemble sur l’écriture des documents d’urbanisme et sur la composition des projets, durant les phases préalables des réalisations (études de faisabilité et de capacité, bilans prévisionnels et programmation). Il constitue alors un outil complémentaire du SMF, qui fournit un cadre de négociation du contenu des projets et des droits à construire (fonctions, formes, modalités d’insertion urbaine) pour orienter, en amont des opérations, les types de biens produits, leurs caractéristiques techniques (quantité, disposition, configuration des surfaces projetées) et, dans une moindre mesure, leurs prix de sortie. Il permet ainsi de concilier les objectifs de politique publique de la collectivité en faveur des activités fabricantes avec les enjeux économiques des investisseurs immobiliers qui cherchent à équilibrer la rentabilité de leurs programmes au regard des charges foncières.

Une nécessaire diversification
de la production de surfaces dédiées
pour répondre aux besoins ?

Les premières réalisations issues des SMF et des démarches négociées de PUP à Villeurbanne montrent une acculturation des opérateurs privés aux exigences particulières de la production de surfaces dédiées aux activités fabricantes dans le cadre de programmes mixtes. Les besoins spécifiques des activités, en matière d’implantation, de gabarit des accès ou de gestion des fluides, sont pris en compte dans la conception des projets immobiliers. Les contraintes liées aux risques de nuisances, générées par la combinaison de socles actifs et des fonctions tertiaires ou résidentielles en étages, obligent aussi les promoteurs à adapter leurs compositions. Les surcoûts générés motivent des programmations de surfaces dédiées à minima.

Le programme Crescendo (Altarea/Cogedim), développé dans le cadre du PUP Aynard-Fontaine, propose 2 600 m2 de locaux artisanaux et industriels en RDC, avec une hauteur sous plafond de six mètres et des sols de grande portance pouvant accueillir des machines. Ils sont desservis par une cour logistique en cœur d’immeuble accessible aux poids lourds, et sont isolés des bureaux et des logements situés aux étages supérieurs par une double dalle de béton. L’immeuble Le Totem (Icade) présente le même parti-pris de conception et de composition, avec des surfaces d’activités pour l’artisanat et l’industrie légère en RDC, ouvertes sur une cour intérieure et desservies par des accès de service et piétons indépendants de ceux des bureaux situés en étages, pour une gestion séparée des flux et de l’adressage (figure 6).

Figure 6. Plan masse du programme Le Totem (source : Icade©Exfolio).

Le programme M45 (Promoval / Fontanel Promotion / 6e Sens Immobilier), encadré par le PUP Mansard, est composé de trois immeubles mixtes de bureaux et de locaux d’activités en RDC, reliés par un patio végétalisé. Dans l’ensemble immobilier 1er Mars (Alliade Habitat / Vinci Immobilier), également encadré par un PUP, les fonctions économiques (socle productif et bureaux à l’étage) sont implantées dans un bâtiment distinct des autres bâtiments dédiés aux logements, conformément aux prescriptions du SMF. Les réalisations s’en tiennent scrupuleusement aux principes de répartition imposés par le SMF, en proposant des surfaces de bureau plutôt que des surfaces fabricantes, quand cette possibilité est permise par le cadre réglementaire (dans les étages, notamment). Au final, l’offre produite ne représente ainsi qu’à peine 6 000 m2 de SDP cumulée sous forme de socles actifs.

Si l’utilisation combinée des SMF et des PUP, et plus largement le recours à l’urbanisme négocié, permettent à la collectivité de favoriser la production de surfaces dédiées, ils ne suffisent pas à satisfaire la demande des activités fabricantes. Les prix de sortie de ces nouveaux locaux sont élevés (entre 110 € et 150 €/m2/an HT HC) et liés à des baux commerciaux qui s’avèrent hors d’atteinte pour des petites entreprises dont le modèle économique n’est pas toujours stabilisé. En contexte de marché immobilier tendu et en l’absence de contrôle sur l’activité effective des preneurs, une partie de ces surfaces risque alors d’échoir à d’autres usages, économiques ou non, plus rentables que les activités fabricantes.

La collectivité explore donc d’autres manières de produire des surfaces dédiées aux activités fabricantes, au gré des opportunités foncières et opérationnelles. Toutefois, leurs temporalités de réalisation ou de disponibilité ne permettent pas non plus de répondre de façon satisfaisante aux besoins des entreprises fabricantes. La livraison de l’« îlot des artisans » prévu dans la zone d’aménagement concerté Grandclément n’est en effet annoncée que pour 2032 (figure 7). Quand aux halles dédiées sur le site d’urbanisme transitoire L’étape 22D, leurs modalités d’occupation temporaire limitent les perspectives de pérennisation des implantations d’activités (figure 8).

Figure 7. Schéma des fonctions de la ZAC Grandclément à Villeurbanne (source : Grand Lyon la Métropole, ÓHDZ Urbanistes Architectes).
Figure 8. Plan d’occupation de L’Étape 22D à Villeurbanne (source : Grand Lyon la Métropole).

Conclusion

Le cas d’étude de Villeurbanne au sein de la Métropole de Lyon permet de souligner les défis que soulève en matière d’aménagement et d’urbanisme la question du maintien et du développement des activités productives (industrie, artisanat, BTP, logistique, etc.) au sein des espaces métropolitains, dans un contexte de transitions écologique, énergétique et numérique. Ces transitions participent à l’émergence d’un nouveau modèle productif : un modèle « fabricant ». L’usage de ce terme vise à souligner que l’enjeu pour les métropoles n’est plus seulement d’accueillir des activités qui produisent, mais des activités qui produisent autrement. Or ces activités, dont une part croissante tend à s’inscrire dans le champ de l’économie circulaire et des circuits courts (proximité clients-fournisseurs), revendiquent la possibilité de se localiser dans les espaces centraux des métropoles et réinterrogent, par leurs nouveaux besoins, les modalités d’inscription urbaine des activités productives. À Lyon, l’avènement de cette métropole fabricante semble à la croisée des chemins. Au-delà de la nécessité de garantir une place à ces activités fabricantes au sein de l’espace métropolitain, il faut aussi qu’elles puissent s’y loger. En l’absence de maîtrise foncière publique, les acteurs locaux développent une stratégie d’intervention spatiale volontariste qui consiste à mobiliser les outils de l’urbanisme et de l’aménagement pour produire des surfaces dédiées aux activités fabricantes. Mais, comme le montre l’exemple de Villeurbanne, cette mobilisation, même appuyée sur des démarches partenariales d’urbanisme négocié et de diversification des types de surfaces produites, ne suffit pas à répondre aux besoins de ces activités et, par là même, à faire advenir pleinement la métropole fabricante. Si l’exemple des activités fabricantes montre que mener une politique de développement économique en faveur de la transition écologique est un chemin parsemé d’embûches, il ne constitue pour autant qu’une dimension de celle-ci. En matière de politique urbaine, la transition écologique n’exige pas seulement de mener des chemins parallèles mais également de les faire converger. Or ce n’est pas parce que toutes les politiques urbaines s’alignent sur le même objectif qu’elles ne se contredisent pas. À Lyon, par exemple, la politique de développement économique menée en faveur des activités fabricantes, telle qu’elle est décrite dans cet article, entre parfois en contradiction avec la politique de mobilité (vélo, partage de la voirie) et la politique d’aménagement urbain (mixité fonctionnelle, végétalisation) (Lejoux et al., 2025[52]Op. cit.). Et pourtant, toutes sont en faveur de la transition écologique.


[1] Fedeli V, Mariotti I, Di Matteo D et al. (2020). Metropolitan industrial spatial strategies & economic sprawl (MISTA), Luxembourg, ESPON.

[2] Hill AV, Warden J. (2018). Cities of making. Cities report, Brussels, Cities of making.

[3] Florida R. (2004). The rise of the creative class: and how it’s transforming work, leisure, community and everyday life, New York, Basic Books.

[4] Landry C. (2008). The creative city: a toolkit for urban innovators, Londres, New Stroud.

[5] France Stratégie. (2020). Les politiques industrielles en France. Évolutions et comparaisons internationales, Paris, France Stratégie.

[6] Voy-Gillis A, Lluansi O. (2020). Vers la renaissance industrielle, Paris, Marie B.

[7] Crague G, Levratto N. (2022). « Au-delà de la relocalisation de l’industrie : la ville productive », Métropolitiques, 10 janvier 2022. [En ligne].

[8] Boyer R, Freyssenet M. (2000). Les modèles productifs, Paris, La Découverte.

[9] Brunet R (dir.). (1992). Les mots de la géographie. Dictionnaire critique, Paris, Reclus La Documentation française.

[10] Mérenne-Schoumaker B. (2008). La localisation des industries : enjeux et dynamiques, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

[11] Edelblutte S. (2009). Paysages et territoires de l’industrie en Europe. Héritages et renouveaux, Paris, Ellipses.

[12] Linossier R, Novarina G, Seigneuret N, Trotta G. (2014). Les espaces économiques de la ville. Spécialisation et intégration, Paris, PUCA.

[13] Lejoux P. (2018). « Quelle place pour la zone d’activités économiques dans la fabrique de la ville contemporaine ? », dans Baudelle G, Gaultier G (dir.), Les nouvelles fabriques de la ville. Objets, référentiels et méthodes, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 25-32.

[14] Lallement M. (2015). L’âge du faire. Hacking, travail, anarchie, Paris, Seuil.

[15] Anderson C. (2012). Makers. The New Industrial Revolution, New-York, Crown Business.

[16] Berrebi-Hoffmann I, Bureau MC, Lallement M. (2018). Makers. Enquête sur les laboratoires du changement social, Paris, Seuil.

[17] Op. cit.

[18] Ledoux E, Richa G. (2022). Pivoter vers l’industrie circulaire. Construire un futur avec une nouvelle génération d’entreprises, Paris, Dunod.

[19] Galinié H. (2000). Ville, espace urbain et archéologie, Tours, Maison des sciences de la ville.

[20] Noizet H. (2007). La fabrique de la ville. Espace et sociétés à Tours (IXe-XIIIe siècle), Paris, Éditions de la Sorbonne.

[21] Noizet H. (2013). « Fabrique urbaine », dans Lévy J, Lussault M (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, p. 389-391.

[22] Système productif intensif sans usine, fondé sur le travail « à façon » : des négociants – concepteurs et donneurs d’ordres « sans murs » dits « fabricants » (ou « soyeux ») – commandaient à des ouvriers travaillant à domicile (les canuts) la réalisation des modèles du XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle (Brunet, 1992, op. cit.).

[23] Intitulée « Lyon, métropole fabricante de demain ? », la recherche a été réalisée conjointement par le LAET (Univ Lyon-ENTPE), Triangle (Univ Lyon-Université Lyon 2) et deux bureaux d’études spécialisés : OPEO accompagne la transformation des entreprises industrielles ; Patriarche est une agence d’architecture et d’ingénierie.

[24] Lejoux P, Linossier R, Abihissa O et al. (2025). Concilier développement productif et transition écologique. L’améngement de la métropole fabricante à Lyon, Paris, PUCA, La Fabrique de l’industrie.

[25] Linossier R. (2023). « De la ville industrielle à la métropole fabricante. L’aménagement urbain des activités productives », dans Mercier A, Verhage R (dir.), Lyon, métropole en mouvement, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, p. 45-70.

[26] En concertation et avec l’appui de la direction économie de la Métropole de Lyon.

[27] Représentation synthétique et visuelle de l’expérience qu’ont des acteurs d’une situation donnée. Elle prend la forme d’un schéma (linéaire, par étapes ou séquences…) ou d’une carte construite à partir des réponses des acteurs à quelques questions ouvertes concernant leurs usages, besoins et ressentis vis-à-vis de la situation donnée. Cette cartographie est généralement réalisée à l’aide de papillons autocollants de couleur présentant les réponses, et qui sont apposés sur des panneaux muraux ou un tableau pour faciliter le partage collaboratif.

[28] Société d’aménagement dont la Métropole de Lyon, le département du Rhône, la CCI, la Caisse des Dépôts et Consignations, des bailleurs sociaux, divers organismes bancaires et des filiales d’Engie et EDF sont actionnaires.

[29] Opale. (2021). La ville fabricante à Lyon et Villeurbanne, Lyon, Urbalyon.

[30] Bonneville M. (1978). Villeurbanne : naissance et métamorphose d’une banlieue ouvrière. Processus et formes d’urbanisation, Lyon, Presses universitaires de Lyon.

[31] Bonneville M. (1982). « La réutilisation des terrains industriels dans le centre de l’agglomération lyonnaise : les nouvelles orientations des politiques municipales », dans CNFG-CGI, L’Usine dans la ville, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, p. 21-43.

[32] Op. cit.

[33] Bosqué C, Ricard L. (2015). FabLabs, etc. les nouveaux espaces de fabrication numérique, Paris, Eyrolles.

[34] Bosqué C. (2021). Open design. Fabrication numérique et mouvement maker, Paris, Éditions B42.

[35] Op. cit.

[36] Guironnet A, Halbert L. (2023). L’empire urbain de la finance. Pouvoirs et inégalités dans le capitalisme de gestion d’actifs, Paris, Éditions Amsterdam.

[37] L’Atelier urbain, collectif d’artisans [En ligne].

[38] Linossier R. (2018). « Work in my backyard : l’intensification urbaine par les activités économiques », dans Léger JM, Mariolle B (dir.), Densifier/dédensifier. Penser les campagnes urbaines, Marseille, Parenthèses, p. 86-99.

[39] Observatoire des inégalités, Thème Mode de vie-Logement [En ligne].

[40] Trautmann F, Rahmouni F. (2019). « Activités “productives” en ville : une espèce en voie de régulation ? », Revue Sur-mesure [En ligne].

[41] Halbert L. (2013). « Les deux options métropolitaines des politiques de développement territorial », Annales de géographie, n° 1, p. 108-121.

[42] Crague G. (2017). « Le maintien des entreprises, un problème d’urbanisme. L’équilibre fonctionnel comme principe d’intervention économique local », RIURBA, n° 4.

[43] Crague G. (2019). Faire la ville avec l’industrie. Métropoles et villes moyennes : 4 retours d’expériences, Paris, Presses des Ponts.

[44] Tuppen J. (1986). « Core periphery in metropolitan development and planning: socio-economic change in Lyon since 1960 », Geoforum, n° 17(1), p. 1-37.

[45] Kerdoudi M. (2022). « La préservation et le développement des activités productives artisanales dans les centralités urbaines denses. Le cas de la Métropole de Lyon », mémoire de master 2 Urbanisme et Aménagement, Institut d’Urbanisme de Lyon, Lyon 2.

[46] Op. cit.

[47] Fauvet G (dir.). (2012). Urbanisme négocié, urbanisme partagé, Lyon, CEREMA.

[48] Crozier D, Kohler S, Adolf M et al. (2013). Des projets négociés. Entre stratégie publique et intérêts privés, Metz, CETE de l’Est, Nord Picardie, Ile de France, Sud-Ouest et de Lyon / ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.

[49] Verhage R, Linossier R. (2009). « La coproduction public/privé des projets urbains », dans Boino P (dir.), Lyon. La production de la ville, Marseille, Parenthèses, p. 144-171.

[50] Linossier R. (2020). « L’invention de la métropole de Lyon par la planification stratégique, entre intérêts économiques et affirmation d’un statut métropolitain », Actes du colloque international « Inventer le Grand Paris, Histoire croisée des métropoles », ENSA Paris Belleville, décembre 2016. [En ligne].

[51] Fauvet G, Menez F, Crozier D. (2017). « Le projet urbain partenarial : financer les équipements et négocier le projet », La revue foncière, n° 18, p. 18-22.

[52] Op. cit.