janvier 2024
Carte blanche sur le foncier
La gestion des terres inertes excavées
Besoin d’une pensée intégrée territorialisée
La gestion des terres inertes excavées : besoin d’une pensée intégrée territorialisée,
Riurba no
15, janvier 2024.
URL : https://www.riurba.review/article/15-foncier/terres-excavees/
Article publié le 23 oct. 2024
- Abstract
- Résumé
Management of inert excavated soils: Need for an integrated, territorialized thinking
In the Parisian region, nearly 20 million tons of earth are excavated each year during public and private civil works. A little-known resource, these inert soils are often considered waste on a legal level even though they have a positive value, not only physical, environmental and economic, but symbolic and social as well. It is important to note that the question of volume is not addressed in the technical and scientific literature and the subject is very opaque in certain French regions and in several countries around the world. The objective of this article is to demonstrate that excavated inert soils can be valorized in different ways so that it is not just a bulky element but a material that can provide positive values. Our proposal is linked to the qualitative organization of a sector for integrated management of inert soils and not a precise estimate of flows. This article develops and shares thoughts that demonstrate that excavated earth can contribute to sustainability by transforming a material considered waste into a resource. This notion of waste indicated by the laws, national and European directives is questionable for a material, which can be part of a logic of territorial circular economy. This principle goes from its local valorization as a construction material to a landscaping approach which concerns larger spatial scales.
Dans la seule région parisienne, près de 20 millions de tonnes de terres sont, chaque année, excavées lors de travaux publics et privés. Ressource méconnue, ces terres inertes sont souvent considérées comme un déchet sur le plan juridique, alors qu’elles possèdent une valeur positive, non seulement physique, environnementale et économique, mais symbolique et sociale également. Il est important de noter que la question du volume est peu abordée dans la littérature technique et scientifique, et le sujet est très complexe, à cause de l’absence de traçabilité ou le refus de la réglementation, lorsqu’elle existe, dans plusieurs pays du monde. L’objectif de cet article est de démontrer que les terres inertes excavées peuvent être valorisées de différentes manières pour qu’elles ne soient pas juste un élément encombrant mais un matériau qui peut apporter des valeurs positives. Notre proposition est en lien avec l’organisation qualitative d’une filière pour une gestion intégrée des terres inertes et non pas une estimation précise des flux. Cet article développe et partage des réflexions qui démontrent que les terres excavées peuvent contribuer à la durabilité en transformant un matériau considéré comme déchet en une ressource. Cette notion de déchet indiquée par les lois et directives est discutable pour un matériau qui peut s’inscrire dans une logique d’économie circulaire territoriale qui va de sa valorisation locale en tant que matériau de construction à une démarche d’aménagement paysager qui concerne des échelles spatiales plus larges.
post->ID de l’article : 5225 • Résumé en_US : 5238 • Résumé fr_FR : 5235 •
Introduction
L’urbanisation et la croissance des villes conduiront à des augmentations significatives de la demande de ressources naturelles telles que l’eau, la terre, l’énergie et les ressources minérales (Huang et al., 2010[1] Huang SL, Yeh CT, Chang LF. (2010). « The transition to an urbanizing world and the demand for natural resources », Current Opinion in Environnemental Sustainability, n° 2, p. 136-143.). Concernant la gestion des terres inertes[2]Ils ne sont pas biodégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec lesquelles ils entrent en contact, d’une manière susceptible d’entraîner une pollution de l’environnement ou de nuire à la santé humaine (directive 1999/31/CE du conseil du 26 avril 1999 – JOCE du 16 juillet 1999). Les terres excavées inertes appartiennent à la catégorie des matériaux inertes. issues des excavations, la question est d’ampleur planétaire, et les observations que nous avons effectuées ces dernières années dans le cadre de la chaire Valorisations des terres urbaines[3]Cette chaire de recherche, dirigée par l’auteur de l’article, est un partenariat entre l’entreprise ECT et l’EIVP (École des Ingénieurs de la Ville de Paris) pour une recherche commune autour de la valorisation des terres issues des excavations. Cet article illustre des réflexions menées au sein de la chaire [eivp-paris.fr mettent en évidence l’ampleur des problèmes actuels et à venir.
Des millions voire des milliards de tonnes de terres sont excavées sans identification de filière de valorisation structurée et réfléchie[4]Diab Y. (2023). Terres urbaines. Valeurs positives pour la ville de demain, Paris, Eyrolles, 223 p.. Cela concerne particulièrement les pays à fort développement urbain comme ceux du Moyen-Orient et la Chine. Les bons exemples et les bonnes pratiques ne sont pas nombreux. D’un autre côté, l’utilisation des ressources naturelles pour la construction, au sens large du terme, dans les zones urbaines et périurbaines, a été remarquablement décrite par Abel Wolman (1965[5]Wolman A. (1965). « The Metabolism of Cities », Scientific American, septembre, p. 179-190.) comme l’une des principales composantes du métabolisme des villes. Les terres sont citées comme un enjeu important à considérer.
Les recherches sur ces questions de métabolisme qui s’appuient sur l’analyse des flux ont fleuri en France (Augisseau, 2017[6]Augisseau V. (2017). « La dimension matérielle de l’urbanisation : flux et stocks de matériaux de construction en Ile-de-France », thèse de doctorat, Université Paris 1. ; Barles et Bahers, 2019[7]Barles S, Bahers JB. (2019). « Transition ou consolidation du régime dominant : le métabolisme urbain en question », Flux, n° 116/117, p. 1-5.). Nous pensons qu’il faudrait les prendre avec précaution tant leurs résultats sont perturbés par la qualité des données disponibles. Ceci est particulièrement vrai pour les terres excavées. Notre proposition est à ce stade en lien avec l’organisation qualitative d’une filière pour une gestion intégrée des terres inertes et non pas une estimation précise des flux. Cependant, cette méthodologie basée sur l’analyse des flux donne une bonne compréhension des dynamiques urbaines et de leurs tendances. C’est par ailleurs peut-être le seul champ de la recherche en génie urbain qui a considéré l’analyse des mouvements des terres au même titre que les autres flux.
La valorisation des terres inertes excavées peut constituer un élément important pour analyser une dynamique urbaine et surtout sa soutenabilité. En effet, le volume des terres excavées est un indicateur pertinent de l’activité économique en lien avec le monde de la construction et de nouveaux aménagements sur un territoire. La valorisation de ces terres peut mobiliser plusieurs acteurs, comme les spécialistes des matériaux pour produire des matériaux de construction géoressourcés, ou les paysagistes pour l’aménagement de parcs ou pour transformer des friches afin de construire la ville sur la ville.
L’objectif de cet article est de démontrer que les terres inertes excavées peuvent être valorisées de différentes manières pour qu’elles ne soient pas juste un élément encombrant mais un matériau qui peut apporter des valeurs positives. Cette réflexion intègre une forte dimension spatiale chère à tout urbaniste, car la gestion de ces quantités ne peut pas se faire à l’échelle d’un seul projet mais doit être territorialisée : les quantités sont importantes et les besoins ne sont pas concomitants.
La valorisation des terres excavées
La terre excavée n’est pas un déchet comme les autres. C’est un matériau « noble », qui se réemploie et qui ne prend le statut de déchet que pour responsabiliser ses producteurs quant à son devenir lorsqu’il quitte le chantier d’où il a été excavé. En effet, grâce à ce statut, la responsabilité du producteur est ad vitam æternam et ne s’arrête pas au portail du chantier. La loi TEPCV (2015[8][ecologie.gouv.fr) a imposé la valorisation de 70 % des déchets du BTP, y compris des terres excavées à l’échéance de 2025. La prise en compte de ces dernières en France est une surtransposition de la directive Déchets de 2008. En effet, les terres inertes ne sont pas prises en compte dans l’objectif européen de valorisation de 70 % des déchets du BTP[9]Voir l’article 11 de la directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets : « […] Afin de se conformer aux objectifs de la présente directive et de tendre vers une société européenne du recyclage, avec un niveau élevé de rendement des ressources, les États membres prennent les mesures nécessaires pour parvenir aux objectifs suivants : […] b) d’ici 2020, la préparation en vue du réemploi, le recyclage et les autres formules de valorisation de matière, y compris les opérations de remblayage qui utilisent des déchets au lieu d’autres matériaux, des déchets non dangereux de construction et de démolition, à l’exclusion des matériaux géologiques naturels définis dans la catégorie 17 05 04 de la liste des déchets, passent à un minimum de 70 % en poids ».. Le Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) d’Île-de-France[10][iledefrance.fr, document opposable et donc impactant le traitement des terres au niveau régional, a même poussé cet objectif de valorisation à 85 % ! Pour les professionnels de la gestion des terres excavées, le statut réglementaire des sites d’aménagement (permis d’aménager ou installation de stockage de déchets inertes — ISDI) n’est qu’un véhicule administratif, souvent proposé/imposé par l’administration en fonction de l’idée qu’elle se fait de la destination des terres en question. Le stockage en ISDI est réglementairement une forme d’élimination, quel que soit le devenir du site en fin d’exploitation, y compris lorsque l’aménagement final du site consiste en un retour à l’agriculture ou à la sylviculture.
Les projets d’aménagement réutilisant des terres inertes sont autorisés soit dans le cadre de permis d’aménager (cadre où les terres sont considérées comme valorisées), soit – souvent – dans le cadre d’ISDI (porté par la remise en état finale du site de stockage), ce qui a pour conséquence que les terres réutilisées sont administrativement considérées comme éliminées et non comme valorisées. Si l’ISDI est aujourd’hui le cadre de gestion des terres le plus protecteur pour l’environnement en termes de procédure d’autorisation, d’obligations de traçabilité et de contrôle par les services de l’État, il soustrait les volumes gérés du champ de la valorisation, ignorant l’intérêt et la diversité des aménagements réalisés : réhabilitation agricole, reboisement, parc paysager, espaces dédiés aux sports et aux loisirs de plein air.
Lorsque l’administration impose que le site d’aménagement soit une ISDI, ce qu’elle a presque systématiquement fait entre 2006 et 2020, on considère que les terres excavées stockées ne sont pas valorisées. Ainsi, certains producteurs refusent ce mode de gestion. La loi TEPCV et les PRPGD, qui imposent des taux de valorisation immédiate élevés, condamnent à terme les ISDI, qui sont pourtant indispensables pour gérer, sous le contrôle de la police des installations classées, les volumes de terres excavées issus des chantiers du BTP, surtout lorsqu’ils ne sont pas valorisables dans les conditions technico-économiques du moment. Nous notons dans cette analyse la non-concordance du statut ISDI avec la réalité de réutilisation des terres dans des installations qui vont au-delà du stockage.
Par ailleurs, la transition vers l’économie circulaire a incité plusieurs entreprises à se lancer dans la valorisation matière des déblais par la création de matériaux à base de terre, comme les briques de terre crue, ou par la fabrication de technosols, substrats fertiles créés à partir de terres excavées. La fabrique de briques de terre crue est régulièrement saluée par la presse et par les élus, mais elle reste embryonnaire. Sa production annuelle actuelle ne permet de valoriser qu’une partie infinitésimale de la production annuelle de terres excavées. Les technosols peuvent devenir un important débouché de valorisation pour les terres excavées. Ils sont fabriqués à partir de terres inertes, excavées en profondeur et rigoureusement analysées, et d’amendements organiques tels que le compost de déchets verts sans boues de stations d’épuration.
Si les technosols commencent à trouver leur marché, le guide de l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France « Aménager un jardin collectif », publié en mai 2022, considère que « dans l’attente de recherches approfondies et de validations sanitaire et environnementale, l’usage de technosols[11]BRGM, « Construire de nouveaux sols »[en ligne est à proscrire comme support de culture dans des jardins collectifs ». Les substrats fertiles produits à partir de terres inertes étant ainsi présumés non inertes (!), l’usage de technosols sera restreint et laissera libre cours à l’importation de terre végétale, dont l’innocuité sanitaire et environnementale n’est pourtant que très rarement vérifiée et qui aura parcouru des dizaines de kilomètres pour satisfaire les inconditionnels du principe de précaution. Le double questionnement de cet article est le suivant : les quantités produites étant importantes, comment avoir les moyens de les réutiliser et de les valoriser ? Comment les différentes filières de valorisation peuvent-elles contribuer/cohabiter pour une gestion durable des terres ?
La problématique
Le questionnement autour des terres urbaines excavées démontre, à travers différentes analyses conceptuelles (Landau et Diab, 2020[12]Landau B, Diab Y (dir.). (2020). La terre dans tous ses états, Paris, Presses des Ponts.) et quelques bons exemples, que les terres urbaines ont des valeurs positives qu’il faudrait exploiter. Cette valorisation peut constituer un compromis raisonnable en opposition avec une pensée dominante qui préconise de ne pas déplacer ces terres. Ce dogme est une utopie qui ne considère pas les quantités faramineuses produites par le secteur du BTP. La réflexion proposée est avant tout spatiale, car cette gestion des terres est un moyen pour penser à une gestion intégrée[13]La signification du terme « intégré » signifie le développement et la mise en œuvre d’une panoplie de solutions de valorisation à l’échelle d’un territoire. Dans nos analyses, nous nous concentrons sur la région Île-de-France. multi-échelles.
La question fondamentale pour apporter une réponse à cette question est : comment les différentes filières de valorisation pourraient-elles contribuer à une gestion territorialisée[14]Nous entendons par « territorialisée », une échelle spatiale qui va au-delà du projet urbain de construction qui a produit les terres en question. En effet, un projet seul ne peut pas constituer une échelle spatiale suffisante pour une valorisation des terres excavées, le passage par l’étape stockage est importante pour une gestion temporelle durable (filières et projets). Nous avons identifié la production de matériaux de construction, des aménagements paysagers et aussi la renaturation de friches. des terres ? Ces questions sont complémentaires, le questionnement posé permet d’aborder les problèmes inhérents à la place des terres dans les villes durables et aux meilleures organisations spatiales pour une gestion durable. Cette valorisation des terres est un sujet d’une importance majeure et est souvent mentionnée dans les plans d’économie circulaire des villes françaises (plan économie circulaire de Paris, 2017) (Mairie de Paris, 2017[15]Plan économie circulaire de Paris. 1ère feuille de route : adoptée au Conseil de Paris des 3, 4 et 5 juillet 2017 [en ligne). Les échelles spatiales de gestion, les méthodes et la symbolique de valorisation font de ces questions un thème de recherche complexe alliant plusieurs disciplines et plusieurs échelles spatiales.
Ces questions imposent la mobilisation d’un corpus par essence technique mais capable d’intégrer les questions de décision publique, d’aménagement et surtout d’organisation spatiale du territoire, en intégrant les enjeux des territoires de demain. Ce besoin pluridisciplinaire nous amène à mobiliser les corpus du génie urbain (Landau et Diab, 2017[16]Landau B, Diab Y. (2017). Le génie urbain revisité, Presses de l’ENPC, 245 p. Cette notion de génie urbain refondé permet de décloisonner les disciplines (génie civil, aménagement, physique des sols, décision publique…) et intègre les échelles spatiales, les enjeux environnementaux et les jeux d’acteurs.) qui se positionne par définition à l’interface des disciplines. Par ailleurs, nous pensons que l’apport des terres inertes permet l’autofinancement des projets d’aménagement. Cet outil est à la disposition de la collectivité et de l’État pour réaliser sans coût des aménagements non bâtis, aux sols perméables et fonctionnels, pour réhabiliter des friches sans bâtir.
Le génie urbain dans la gestion des terres ?
Comment transformer un matériau considéré comme déchet en une ressource, en intégrant tous les enjeux relatifs aux acteurs, aux échelles, aux spécificités des sols et à la mutualisation des services écosystémiques offerts ? Le terme « ressource » est important, car de sa signification et de sa valeur quantitative ou qualitative dépendra la valorisation. Cette dernière est un dialogue constructif entre tous les acteurs d’un projet ou d’un territoire.
André Guillerme (2020[17] Guillerme A. (2020). « Le terrassement des sols parisiens. XVIIIe-XXe siècles », dans Landau B, Diab Y (dir.), La Terre dans tous ses états, Paris, Presses des Ponts, p. 17.) a montré que les questions posées sont anciennes : « Une évaluation grossière des terres excavées urbaines depuis la fin du XVIIIe siècle donne 0,1 m3/habitant/an au XVIIIe siècle, mais 1 m3/habitant/an au XIXe siècle et 10 m3/habitant/an au XXe siècle. Le volume décuple tous les siècles : le XXIe siècle suivra-t-il ? » De toute évidence, la réponse est oui, et elle est en contradiction totale avec les principes de la ville durable qui prône les économies de ressources aussi bien en termes de besoin – de frugalité – que d’épuisement de ressources.
Le génie urbain[18] Si le génie urbain est un concept formalisé par Claude Martinand (1987), il a été refondé sur la base du décloisonnement des disciplines et l’intégration d’une approche systémique urbaine afin d’intégrer les enjeux du développement durable et l’économie circulaire. Ce renouveau du concept a fait l’objet de travaux menés au sein de l’université Gustave Eiffel et de l’école des ingénieurs de la ville de Paris. Il répond d’une manière pertinente aux enjeux de la gestion durable des terres excavées (Landau et Diab, 2017, op. cit.). a également évolué pour répondre aux problèmes de la durabilité à travers des réflexions spécifiques aux échelles, aux acteurs ainsi qu’aux techniques. Nous avons testé le concept dans les domaines de l’énergie et de la résilience urbaine, les terres sont aussi un sujet à privilégier pour le renouveau du génie urbain. Cela n’est pas nouveau pour les ingénieurs.
Charles Barde [19]« Petite histoire de l’eau usée en milieu urbain : Des techniques et des hommes ». Bibliographie sélective. Paris, BNF 2019 [en ligne remarque que, dans les grandes villes, le pavé des rues est ordinairement établi sur des remblais et des terres rapportées, ce qui est une observation précoce de la complexité des sols urbains anthropisés. Ce rôle de la planification et du génie urbain peut être observé comme une initialisation potentielle des très nombreux travaux commandités en milieu urbain au XIXe siècle et arasant le substrat comprenant la pose d’égouts, l’approvisionnement en eau par des aqueducs, le remblaiement de carrières, la constitution de parcs, l’extension ou la réalisation de nouveaux réseaux routiers et de voies ferrées, la création de percées, la gestion technique et logistique des démolitions liées. Chacun de ces travaux nécessite son lot d’excavations et de flux massifs de matériaux, impactant des zones périphériques de décharges. La pensée d’une organisation de services territoriaux au profit du cœur urbain dense a connu son apogée avec les travaux initiés par Eugène Belgrand pour l’assainissement parisien.
Dans le cadre de notre recherche en génie urbain au sein de la chaire Valorisation des terres urbaines (VTU), deux catégories de valorisation nous ont semblé intéressantes ; il faudrait surtout ne pas les opposer mais les mettre en avant dans une approche de gestion intégrée des terres excavées à l’échelle territoriale. Ces deux réponses inspirées du croisement d’expériences françaises et internationales sont les suivantes : 1) la réponse paysagère au sens large en intégrant les enjeux de biodiversité ; 2) les terres inertes comme matériau de construction géoressourcé.
La réponse paysagère au sens large
en intégrant les enjeux de biodiversité à travers une étude de cas
Des travaux récemment menés montrent l’intérêt de cette réponse (Grumbach, 2020[20] Grumbach A. (2020). « La terre comme matériau. Les Belvédères du Grand Paris », dans Landau et Diab (dir.), op. cit., p. 127-137.), la polysémie du mot « terre » (earth), en français comme en anglais, repose sur la confusion entre la terre comme matériau et la Terre comme planète. Le passage de « earth » à « land » exprime le souci des territoires aussi bien que celui du matériau. Un des exemples intéressants de la valorisation paysagère est le land art. Les nombreux artistes qui participèrent au mouvement de land art[21]Tendance de l’art contemporain apparue aux États-Unis vers 1967 et caractérisée par un travail dans et sur la nature. Cette tendance doit sa création à Robert Smithson, un des premiers fondateurs du land art. ont laissé des œuvres importantes qui, en s’inscrivant dans des déserts et des territoires loin de toute civilisation, correspondent à la nature des grands espaces américains et à une certaine nostalgie de la vie dans la nature. Nous, ingénieur et architecte-urbaniste, partons de la considération que les terres inertes ne sont pas des déblais mais des matériaux, nourris de l’observation et de la conscience que les métropoles sont des formes sans limite. Le land art en Île-de-France vient du fait que, à la place des traditionnels mécènes des artistes de ce mouvement, l’inscription de ce projet dans le cadre d’une « économie circulaire » a conduit les concepteurs à s’inscrire précisément dans une position de mécène de ce projet de land art métropolitain. Ce positionnement est très stimulant intellectuellement d’un point de vue paysager et économique. Ceci dit, le land art n’est pas la seule action paysagère structurelle permettant de valoriser les terres inertes à une large échelle spatiale d’un territoire. L’exemple présenté est choisi pour illustrer une place que les terres excavées pourraient prendre dans l’aménagement de grands espaces métropolitains. Les exemples historiques des parcs parisiens des Buttes-Chaumont ou de Montsouris, ou même le parc départemental Georges Valbon de la Courneuve, ont fait appel aux terres inertes excavées pour leur mise en œuvre.
L’opportunité que représentent les aménagements paysagers, par les services rendus à la biodiversité et la forte présence d’espaces verts et/ou la mise en place d’une agriculture maraîchère de proximité, doit être prise en considération pour atténuer des phénomènes d’îlots de chaleur ainsi que la compensation carbone. Ce sont des valeurs positives pour la ville durable. Par ailleurs, l’opportunité offerte pour transformer les friches en espaces d’aménagement paysager est une autre face vertueuse de reconversion à mettre au bénéfice d’une économie circulaire, soucieuse d’utiliser les terres issues des travaux d’excavation des sous-sols des bâtiments et des tunnels des systèmes de transport. Plusieurs exemples dans le monde illustrent cette possibilité d’utiliser les terres inertes excavées dans des projets paysagers de grande ampleur. Nous pouvons citer l’exemple du parc de la Courneuve[22][tourisme-plainecommune-paris.com, le parc Al Azhar au Caire (Diab, 2022[23]Diab Y. (2022). Les terres urbaines : valeurs positives pour la ville de demain, Paris, Eyrolles, 223 p.) et le Gas Works Park de Seattle (Way, 2019[24]Way T. (2019). The landscape architecture of richard haag: from modern space to urban ecological design, Washington, Washington University Press, 248 p.).
L’exemple le plus récent et le plus pertinent en Île-de-France est le projet de l’œil du ciel conçu par Antoine Grumbach. Il illustre clairement cette idée de la valorisation paysagère en utilisant des terres inertes excavées et stockées dans un ISDI voisin. Cette œuvre de land art de 400 mètres de long est située directement dans l’axe des pistes de l’aéroport Charles de Gaulle, à Roissy. Elle constitue un parc visible par près de 70 millions de voyageurs aériens et célèbre la biodiversité et l’agriculture qui cohabitent sur de vastes esplanades. À long terme, l’objectif est que ce lieu devienne un lieu d’expositions, concerts et spectacles de toute nature. Ce projet a également une valeur symbolique car il constitue le premier belvédère d’Île-de-France. Ce projet a été identifié comme projet phare de la future métropole du Grand Paris dans le rapport de R. Castro « Du Grand Paris à Paris en grand[25]Castro R. (2018). « Du Grand Paris à Paris en grand », rapport de la mission confiée par M. le président de la République Emmanuel Macron, Éditions PC, 161 p. ».
Le projet se situe à la limite entre zones urbaines, agricoles et forestières, au pays des Monts de la Goële, avec les terres inertes qui ne sont pas des déblais mais un matériau pour l’aménagement d’un grand espace. À terme, cette œuvre sera faite de deux yeux de 400 mètres. Elle réconcilie industrie circulaire, paysage, compensation écologique et art à grande échelle. Le projet se développe sur une surface de 130 hectares et 30 mètres de hauteur. À titre de comparaison, cela correspond à un périmètre s’étendant à Paris de la Cour Carrée du Louvre à la Place de la Concorde. Dans cet article, nous avons choisi ce projet car il valorise à l’échelle territoriale le matériau terre excavée issu des chantiers urbains à travers un land art original en Île-de-France. Nous rappelons que l’Œil du Ciel est dans l’ISDI de Villeneuve-sous-Dammatin et est intégré au projet de remise en état de l’ISDI. Cette œuvre de land art a été financée directement par les terres excavées sur lesquelles il est posé. Ce projet est le plus important site français de valorisation de terres excavées des chantiers d’infrastructures et de bâtiments. Cette étude de cas permet d’illustrer la valorisation possible des terres inertes excavées par la création d’une œuvre symbolique et paysagère de grande échelle.
Antoine Grumbach a utilisé la géographie si particulière du site pour concevoir cette intervention artistique célébrant la noblesse du matériau que représentent les terres excavées. Il s’inscrit de facto dans une pratique vertueuse d’économie circulaire.
En 2030, le site sera desservi par la ligne 17 du Grand Paris Express. Il sera situé à 1 km de la future gare du Mesnil-Amelot (77), gare terminale de la ligne 17 du Grand Paris Express. Et il bénéficie déjà de la proximité de l’aéroport CDG-Roissy, porte d’entrée de la région capitale. Le projet sera un pôle touristique et culturel important de Seine-et-Marne et favorisera l’accueil des visiteurs et touristes du Grand Paris.
Sur le plan contractuel, ce projet se développe dans le cadre d’une convention de coopération entre la société ECT, porteuse et mécène du projet, la commune de Villeneuve-sous-Dammartin, la commune du Mesnil-Amelot et la communauté d’agglomération Roissy Pays de France. La figure 1 montre la conception proposée par A. Grumbach et réalisée par l’entreprise ECT. La figure 2 montre le premier œil inauguré le 16 septembre 2023 lors de la journée du Patrimoine.
Par ailleurs, la question de la place de la nature et de la biodiversité en ville, et de son rapprochement avec les besoins sociaux, est fondamentale. Il reste donc à convaincre bon nombre de politiques dont la méconnaissance des apports de la biodiversité en ville entraine des prises de décision erronées. Le problème est qu’il faut trouver un compromis entre ce qui est acceptable pour les citadins, ce qui est possible économiquement, et ce qui est souhaitable pour la biodiversité.
Les problématiques écologiques ne sont qu’une des nombreuses facettes de la préservation de la biodiversité en ville. Il y a des enjeux économiques et sociaux qui sont bien plus difficiles à prendre en compte. Les solutions écologiques commencent à être connues mais elles peinent à être appliquées. Et ce sont donc les recherches interdisciplinaires entre écologie et sciences humaines qui permettront de révéler les meilleurs moyens de protéger la biodiversité des villes. Les terres inertes peuvent être un très bon contributeur, voire un facilitateur, pour ce renouveau. Les technosols sont en vogue et constituent un volet à valoriser absolument dans nos villes.
Les terres inertes comme matériau de construction géoressourcé
La construction en terre crue, historiquement et dans tous les continents, a été une affaire locale : on bâtissait avec la matière première disponible localement, et la diversité géologique donnait lieu à des techniques différentes suivant la géographie. Cette approche d’utilisation des ressources disponibles localement s’oppose à des pratiques constructives reposant sur des matériaux produits de façon industrielle, qui se sont développées à partir du XIXe siècle grâce au développement de moyens de transport rapides et à bas coût. En profitant des déséquilibres géopolitiques et économiques, dans la construction comme dans d’autres domaines, une partie du monde a pu élever son niveau de consommation en pillant les ressources d’autres parties du monde, et en générant au passage un niveau d’émissions carbone dont on ne peut désormais plus nier les effets néfastes. Même en faisant l’impasse sur le caractère intrinsèquement prédateur de ce modèle de développement, la logique qui le sous-tend reste déséquilibrée entre la priorité donnée à l’intention de créer et le rôle instrumental attribué à la matière : une fois le projet dessiné, on ira chercher la matière pour le réaliser, quels que soient la distance à parcourir et les processus de transformation à mettre en œuvre pour atteindre le résultat souhaité.
Proposer de construire avec de la terre locale aux habitants du Grand Paris revenait donc à inverser la logique, à installer la matière au centre de la réflexion, en lui conférant les mêmes titres de noblesse qu’à la créativité du concepteur. Cela permettait aussi de porter un nouveau regard sur le sous-sol parisien qui, dans l’imaginaire collectif, n’aurait pas les mêmes qualités de « terre » que dans les régions moins urbanisées : l’habitude de considérer tout ce qui a trait à la ville dense comme artificiel nous fait douter de la possibilité même de qualifier de terre, donc d’élément naturel, ses couches géologiques. On s’attendrait, par exemple, à ce que les déblais pollués représentent une part majoritaire des terres excavées en région parisienne, alors qu’ils y sont nettement minoritaires[26] D’après les prévisions du Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD), les déblais non inertes représentent moins de 10 % du volume total des terres excavées (voire moins de 1 % pour les déchets dangereux) (voir « Plan régional de prévention et de gestion des déchets : enquête publique », PRPGD 2019, cahier II, p. 256, iledefrance.fr/PRPGD). par rapport aux 20 millions de tonnes excavées chaque année. Ce « choc métabolique » (Bastin, 2021[27] Bastin A. (2021). La Gouvernance de la gestion des déblais en Île-de-France, document produit dans le cadre du projet européen Cycle Terre.) créé par les chantiers du Grand Paris Express (GPE) a donné un écho inouï à une problématique qui existait bien avant les travaux du métro et qui, en termes de quantités de terres à gérer, dépasse largement les volumes liés à ses excavations.
Le Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) estime qu’en moyenne 20 à 22 millions de tonnes de terres seront excavées entre 2015 et 2031 sur le territoire régional chaque année[28] Voir PRPGD 2019, cahier II.. Les déblais du Grand Paris Express, estimés à 45 millions de tonnes sur plus de dix années de travaux, ne représentent donc qu’une fraction de la totalité. Pourtant, le caractère exceptionnel et la grande visibilité de ce chantier ont permis d’attirer l’attention des décideurs et du grand public sur la question du devenir des terres excavées, alors que le sujet n’était véritablement connu auparavant que des professionnels.
De plus, les nouveaux modes de fabrication de la ville par le biais d’appels à projets urbains innovants, comme « Réinventer Paris » ou « Inventons la métropole », donnent une prime considérable aux projets expérimentaux et ambitieux du point de vue environnemental. Bien que, dans certains cas, l’innovation la plus poussée soit limitée à un bâtiment pilote, c’est celui-ci qui sera mis en avant dans le processus de candidature et qui donnera son identité au projet. L’implication des promoteurs immobiliers et des concepteurs du projet Cycle Terre a permis de poser la structuration d’une filière de construction en terre crue.
Par ailleurs, l’élaboration du projet urbain « Sevran Terre d’Avenir » par Grand Paris Aménagement pouvait fournir un cadre pour réunir une collectivité, un aménageur et des experts autour de la question de l’écoconstruction. Cette question a été posée par A. Bastin dans sa thèse de doctorat en 2021 : « Le modèle économique expérimenté par Cycle Terre est un modèle de développement territorial qui vise à réintroduire de l’activité productive dans le milieu urbain dense dans une logique de développement de l’emploi non “délocalisable” et de relocalisation des chaînes d’approvisionnement matérielles et de gestion des déchets. C’est le territoire qui était porteur de l’opération et pas un fabricant de matériaux[29] Bastin A. (2021). « Évolutions du projet et apprentissages en termes de gouvernance », document produit dans le cadre du projet européen Cycle Terre. [En ligne ».
Au fur et à mesure de l’avancement du projet, l’enjeu de structuration d’une filière est devenu de plus en plus évident pour la ville de Sevran : à cet égard, Cycle Terre peut être vu comme le premier pas vers la constitution d’un écosystème local autour de la construction en terre. Cet écosystème local est nécessairement en dialogue avec d’autres dimensions, à la fois géographiques et sectorielles : la diffusion des matériaux en terre crue dans l’architecture contemporaine urbaine ne peut se faire que dans une démarche de coopération et d’articulation avec d’autres échelles et d’autres sphères, tout d’abord l’échelle nationale et la sphère technique, représentées, par exemple, par le Projet national terre crue et par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Ce pilote a permis d’identifier des difficultés et surtout d’envisager des solutions pour l’avenir.
Le pari des partenaires Cycle Terre a été celui du changement d’échelle pour la filière : dans la candidature européenne Action urbaine innovante (UIA[30][uia-initiative.eu), ceux-ci ont exprimé un positionnement en faveur de l’intégration massive des matériaux terre crue produits à partir de déblais, à la moindre empreinte environnementale que le béton ou le plâtre, dans la construction urbaine contemporaine. Ce choix a des conséquences : Cycle Terre s’éloigne de la fabrication artisanale et accepte de se plier au jeu des démarches de certification des matériaux, qui favorisent leur assurabilité mais diminuent la variabilité possible de la matière première et la liberté dans la conception et la pose. De plus, afin de permettre une ample gamme d’utilisation des matériaux, le partenariat a fait le choix d’intégrer des matériaux stabilisés à son catalogue afin de répondre à des besoins ponctuels. L’idée est que la possibilité d’avoir aussi des matériaux stabilisés pour les parties les plus fragiles des parois (soubassement, angles…), dans une continuité esthétique parfaite avec la partie non stabilisée, encouragera les maîtres d’ouvrage à intégrer les matériaux terre dans leur projet : les matériaux stabilisés sont vus comme le cheval de Troie qui permet à la « vraie » terre crue de faire son entrée dans le projet.
Entre artisanat et industrie, entre variabilité et homogénéité, entre rejet de la stabilisation et stabilisation systématique, sur chaque sujet polarisant, Cycle Terre a cherché un positionnement intermédiaire et pragmatique, où la détermination à créer une place pour les matériaux terre dans la construction urbaine a conduit à accepter de façon provisoire certains compromis. L’espoir étant qu’avec l’avancement de la recherche, à laquelle Cycle Terre entend continuer à contribuer, les domaines d’usage s’élargissent, ainsi que la variabilité acceptée pour la matière première. D’autre part, si Cycle Terre propose principalement des matériaux préfabriqués permettant une pose sur chantier relativement rapide, la société souhaite soutenir également les artisans capables de formuler leurs propres matériaux à partir de la ressource brute : il s’agit entre autres d’une façon de favoriser un haut niveau de compétence parmi les professionnels de la région.
Loin d’être un simple lieu de production, la fabrique Cycle Terre est le démonstrateur d’une filière. Son dimensionnement offre déjà la possibilité d’effectuer un premier changement d’échelle et de donner une plus grande visibilité à la terre crue, mais si tout s’arrêtait là, le véritable objectif ne serait pas atteint. L’enjeu était de dépasser le stade de l’opération pilote et de contribuer à pérenniser la place de la terre crue dans l’architecture contemporaine, en favorisant la formation des futurs professionnels, en contribuant à la recherche sur les matériaux et en facilitant la réplication du projet pour que d’autres sites de production naissent en Île-de-France et ailleurs. Les premiers retours d’expériences montrent les difficultés que peuvent rencontrer une organisation d’une filière de construction de matériau géoressourcé.
Discussion
Une plus grande partie des terres excavées pourrait ainsi être réutilisée en remblaiement dans des opérations d’aménagement – en technique routière, sous couverture de parking, d’espace vert ou de bâtiment – lorsque leurs caractéristiques et leurs qualités sont compatibles. Nous avons démontré à travers les différentes approches de valorisation possibles que la complémentarité est évidente. Par ailleurs, il a été démontré le réalisme de l’hypothèse selon laquelle la gestion du flux des terres doit être placée dans un contexte spatiotemporel élargi, nous amenant à discuter de résolutions possibles des contradictions révélées par les temporalités de leur mise en œuvre (Diab et Fernandez, 2020[31] Diab Y, Fernandez M. (2020). « Vers un projet urbain pour des terres urbaines ? », dans Landau B, Diab Y (dir.), op. cit., p. 97-109.). Les différentes visions des enjeux relatifs aux évolutions des politiques territoriales, en lien avec l’économie circulaire et la durabilité, imposent une vision nouvelle de cette problématique, à l’image d’autres services urbains tels que l’eau, les déchets ou l’énergie.
Enfin, les apports de terres en milieu urbain peuvent avoir plusieurs justifications. Ce sont souvent la médiocre qualité du sol existant ou son inadéquation avec les cultures prévues qui ont justifié son remplacement lors de la création ou de la rénovation des espaces verts, qu’il s’agisse de jardin, square, parc, plantation d’alignement ou même pépinière. L’apport de terre peut aussi être justifié lorsque l’on implante de la végétation sur des terrains imperméabilisés qui ne possèdent plus de terre meuble fertile et ne permettent pas les plantations.
Devant les difficultés parfois à trouver une terre végétale agricole de qualité, de plus en plus de collectivités font le choix d’importer des mélanges de terres inertes amendées, que l’on appelle du substrat fertile.
Une seconde raison avancée pour favoriser ces substrats est la nécessité de réutiliser les millions de tonnes excavés chaque année pour éviter leur mise en installations de stockage de déchets proches de la saturation et ainsi contribuer au développement de l’économie circulaire. Des expérimentations récentes (Miguet, 2020[32]Miguet L. (2020). « Un technosol fertile sur le parvis du château de Vincennes », Le Moniteur, juin.) montrent qu’elles pourraient, après études, être adaptées à une végétalisation ornementale. Mais des questions demeurent par rapport à leur utilisation et leur contribution à une économie circulaire métropolitaine parisienne : ces terres sont souvent, pour des questions de fertilité, associées à des composts ou autres matières riches en matières organiques. Se pose alors la question de la contamination de ces amendements et mélanges. En effet, il est montré que selon l’origine de ces composts, ces derniers peuvent contenir des teneurs en polluants non négligeables et ainsi contribuer – en plus de ceux présents dans les terres inertes – à des teneurs incompatibles avec les usages (Ben Jemaa, 2019[33]Ben Jemaa F. (2019). « Évaluation de la qualité des composts, des pratiques et de la potentielle contamination des sols », mémoire de master en sciences et technologie de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement, UPEC.).
Un contrôle et une traçabilité de ces terres excavées et substrats sont donc indispensables pour garantir les aspects sanitaires de ces aménagements à long terme. Il est alors attendu par les collectivités que la qualité de ces substrats présente la même innocuité que les terres agricoles saines (sur les mêmes paramètres), et que ces matériaux bénéficient de la même traçabilité.
Ici encore, nous pourrions faire face à une espèce de contradiction : alors même que la règlementation renforce les outils de contrôles et de traçabilité des terres excavées à travers la loi antigaspillage pour une économie circulaire[34]Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire., et que des guides encadrent la réutilisation hors site des terres excavées (guide BRGM[35]Ministère de l’Environnement (2017). « Note du 19 avril 2017 relative aux sites et sols pollués – Mise à jour des textes méthodologiques de gestion des sites et sols pollués de 2007 » [en ligneen ligne), comment ne pas être vigilant aussi à la qualité des substrats, des terres végétales d’apport, des composts, des biodéchets que nous rapportons en milieu urbain pour favoriser le développement de la végétalisation ?
L’usage est donc ici encore au centre de la thématique puisqu’il va conditionner la qualité de la terre d’apport. Comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, pour des raisons environnementales, mieux vaut sans doute adapter les usages que de décaper des terres ou de maintenir des usages sensibles avec des pratiques de jardiniers que l’on sait aujourd’hui non pérennes[36]Canavese M, Rémy E. (2021). Retour d’expérience socio-technique sur les pratiques de jardinage amateur (péri)urbain et l’évaluation des risques associés. Du constat à la proposition de mesures de précautions pour les usages des sols (péri)urbains, rapport PRSE3, 77 p. (rapport PRSE3), par exemple, imaginer la culture de végétaux réputés peu enclins à transférer les polluants ou l’apport de matériaux organiques non contrôlés qui ne pourront limiter les transfert vers les plantes, d’autant que certains amendements peuvent certes limiter le transfert du plomb dans les végétaux, par exemple, mais favoriser celui du cadmium pour certains végétaux[37]Rapport Phytexppo : phytodisponibilité des ETM pour les plantes potagères et extrapolations dans la quantification de l’exposition des consommateurs, ADEME, mai 2017., montrant en cela qu’ils ne peuvent devenir des solutions de gestion durable des sols urbains, lesquels sont souvent multicontaminés.
Conclusion
une pensée systémique au service de l’urbain et de ses terres s’impose…
La gestion des terres excavées est une entreprise complexe. Les gestionnaires de terres excavées ne sont ni les maîtres d’ouvrage, véritables producteurs des déblais, ni les maires, signataires des permis de construire, qui, du fait des travaux qu’ils autorisent, génèrent ces terres. Ces professionnels proposent des solutions techniquement et économiquement fiables[38]UNEV (Union Nationale des Entreprises de Valorisation). « Valoriser les matériaux d’excavation et de déconstruction » [en ligne, répondant aux besoins du terrain.
Le renforcement de la traçabilité de la gestion des terres excavées est nécessaire. Il permet de lutter contre les pratiques frauduleuses, les dépôts sauvages et la disparition des terres polluées dans des filières inadéquates. Mais il est nécessaire que la police des déchets et de l’environnement contrôle cette traçabilité. Enfin, la renaturation, dans le cadre de l’objectif Zéro artificialisation nette (ZAN), est une opportunité pour la valorisation des terres excavées, à condition que l’on accepte qu’elles soient utilisables à cette fin. Cela permettrait tout à la fois de « renaturer » et d’offrir un débouché intéressant de valorisation aux terres excavées.
Les autorités publiques ont lancé une transition écologique par le passage à une économie circulaire. Cette démarche est désormais accompagnée d’une démarche volontaire de la commande publique. À titre d’exemple, en juin 2022, Saint-Étienne Métropole et la fédération du BTP de la Loire ont signé une charte des bonnes pratiques pour la valorisation des matériaux recyclés. L’objectif est de permettre la réutilisation de matériaux recyclés dans la voirie, les constructions, l’assainissement et l’éclairage, de mettre en place des plateformes de recyclage pour réduire les trajets et, enfin, le plus important, de définir des objectifs pour les acteurs publics et privés. Les entreprises travaillant pour la métropole de Saint-Étienne utiliseront au moins 20 % de matières recyclées, et ce taux d’incorporation de matériaux valorisables pourra être revu à la hausse en fonction de la performance des entreprises.
Cette démarche, pragmatique, volontaire et vertueuse, devrait être dupliquée partout en France, à diverses échelles territoriales. Elle permettrait localement de consommer les matériaux recyclables ou valorisables produits chaque année. Ainsi, par exemple, Paris (intra-muros), qui produit en moyenne, selon nos estimations, un excédent de 250 000 m3 de terres excavées par an, issus des chantiers du BTP, pourrait en recycler et en valoriser plus de 70 % dans des projets locaux de végétalisation, de désartificialisation des sols et d’entretien de voiries. Il suffit de le vouloir et, surtout, de l’imposer dans la commande publique. Cet exemple illustre également l’importance de la structuration possible ou souhaitée des acteurs économiques du secteur.
L’interaction permanente observée entre l’organisation technique urbaine traditionnelle et la gestion des terres est, sur le plan conceptuel, enrichissante pour anticiper les évolutions relatives aux modes de gestion des terres, et ce, pour une raison essentielle : les grands flux de terres contemporains appartiennent au même registre qualitatif que ceux de la pratique historique. Néanmoins, de nouvelles injonctions telles que la circularité et la valorisation montrent qu’un paradigme semble avoir changé.
Nous concluons sur la question de l’évolutivité des métiers du génie urbain, en particulier celui de l’ingénieur, maître des flux et des stocks, à l’instar de Pierre-Simon Girard au début du XIXe siècle[39]Au Fil de l’Ourcq. « Pierre-Simon GIRARD (1765 – 1836): biographie » [En ligne. Les processus identifiés, comme à réinventer, à étendre ou à perfectionner, induisent, en ce qui concerne la terre, qu’elle cesse d’être un sujet secondaire pour le génie urbain. Après avoir pris la forme d’un flux extrait en ville, la terre a été externalisée, à la périphérie ou sur le front d’urbanisation, depuis le début de l’époque contemporaine – une période d’extension urbaine quasi ininterrompue. À terme, il apparaît indispensable de tenir compte d’un tel flux au sein des projets afin de ne pas contribuer à l’étalement urbain. L’ingénieur peut alors légitimement investir dans des champs à la temporalité[40]Cette temporalité est au cœur du système de la gestion des terres inertes issues des excavations, le stockage pour identifier le lieu de valorisation est l’option privilégiée ou à privilégier. moins immédiate qu’à l’accoutumée, et ce, sur le plan conceptuel, morphologique, architectural, paysager et environnemental, voire au-delà du projet urbain – au sens des architectes urbanistes –, ainsi que sur le plan social et politique si l’on envisage la nécessité de nouvelles industries urbaines. Cette conclusion rejoint celle posant que les ingénieurs du génie urbain au XXIe siècle ne seront pas uniquement de bons techniciens : ils devront savoir dialoguer, communiquer, se concerter avec de nombreux interlocuteurs, comprenant les habitants et les élus des villes. Nous devons former nos ingénieurs aux questions de la résilience organisationnelle et de la résilience sociale, au même titre que la résilience des systèmes techniques.
L’évolution récente du génie urbain contribue à la refonte de la recherche sur les terres urbaines et à sa modernisation. Si la notion de génie urbain est interrogée à intervalles réguliers quant à sa pertinence (Dupuy, 1981[41]Dupuy G. (1981). « Pour un génie urbain problématique », Annales de la Recherche Urbaine, n° 13, p. 3-21. [En ligne ; Thibaud, 2000[42]Thibault S. (2000). « Le génie urbain. La ville et l’urbain, l’état des savoirs », La Découverte, p. 244-254, halshs-00006029. [En ligne ; Diab, 2000[43]Diab Y. (2000). « Génie urbain et environnement : des pistes de recherches », habilitation à diriger des recherches, université de Savoie, 127 p. ; Barles, 2015[44]Barles S. (2015). « L’urbanisme, le génie urbain et l’environnement. Une lecture par la technique », Riurba, n° 1. [En ligne) en tant que champ disciplinaire, sans doute est-ce le découpage disciplinaire classique lui-même qui est devenu inadéquat, voire obsolète, pour répondre aux enjeux de la ville durable. Cela s’applique également aux services d’aménagement des villes. Le décloisonnement est indispensable pour une pensée urbaine renouvelée. Ce décloisonnement est déjà conceptualisé et dans le concept de génie urbain refondé (Diab et Fernandez, 2020[45]Diab Y, Fernandez M. (2020). « Vers un projet urbain pour des terres urbaines ? », dans Landau B, Diab Y (dir.), La terre dans tous ses états, Paris, Presses des Ponts et Chaussées, p. 97-110 [En ligne).
L’enjeu n’est plus de séparer les filières de valorisation des terres excavées par phase ou par acteur, mais de viser des approches intégratives des acteurs et des enjeux et, surtout, des phases de vie des ouvrages, par conséquent des projets. Cette gestion intégrée des terres avec les autres enjeux de l’urbain est indispensable. En effet, tous les usages des terres inertes sont complémentaires et apportent des réponses originales à une pensée urbaine nouvelle. Ces terres sont un moyen pour valoriser des friches, pour créer du paysage, pour construire autrement et pour préserver et valoriser une biodiversité. Avec ces quatre piliers, les terres deviennent un atout pour les villes de demain.
Les terres inertes, qui constituent à la fois l’archétype de la matérialité urbaine au cœur des métiers du génie urbain, et le sujet environnemental pour un projet large et renouvelé, nous semblent valider ces changements récents d’approches. La question de la gestion des terres urbaines embrasse de nombreux champs, qui dépassent la seule gestion technique. Nous pensons que la région parisienne a besoin d’une agence innovante, capable de développer une pensée structurée, avec une gouvernance claire, afin de gérer les terres au service de la métropole de demain. Enfin, nous rappelons que l’économie circulaire des terres est porteuse d’une plus-value symbolique pour les villes et les territoires impliqués. La valeur d’usage créée s’inscrit dans le champ du capital symbolique de la collectivité : cette pensée vertueuse doit accompagner tous les projets d’aménagement territoriaux.
[1] Huang SL, Yeh CT, Chang LF. (2010). « The transition to an urbanizing world and the demand for natural resources », Current Opinion in Environnemental Sustainability, n° 2, p. 136-143.
[2] Ils ne sont pas biodégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec lesquelles ils entrent en contact, d’une manière susceptible d’entraîner une pollution de l’environnement ou de nuire à la santé humaine (directive 1999/31/CE du conseil du 26 avril 1999 – JOCE du 16 juillet 1999). Les terres excavées inertes appartiennent à la catégorie des matériaux inertes.
[3] Cette chaire de recherche, dirigée par l’auteur de l’article, est un partenariat entre l’entreprise ECT et l’EIVP (École des Ingénieurs de la Ville de Paris) pour une recherche commune autour de la valorisation des terres issues des excavations. Cet article illustre des réflexions menées au sein de la chaire [eivp-paris.fr].
[4] Diab Y. (2023). Terres urbaines. Valeurs positives pour la ville de demain, Paris, Eyrolles, 223 p.
[5] Wolman A. (1965). « The Metabolism of Cities », Scientific American, septembre, p. 179-190.
[6] Augisseau V. (2017). « La dimension matérielle de l’urbanisation : flux et stocks de matériaux de construction en Ile-de-France », thèse de doctorat, Université Paris 1.
[7] Barles S, Bahers JB. (2019). « Transition ou consolidation du régime dominant : le métabolisme urbain en question », Flux, n° 116/117, p. 1-5.
[9] Voir l’article 11 de la directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets : « […] Afin de se conformer aux objectifs de la présente directive et de tendre vers une société européenne du recyclage, avec un niveau élevé de rendement des ressources, les États membres prennent les mesures nécessaires pour parvenir aux objectifs suivants : […] b) d’ici 2020, la préparation en vue du réemploi, le recyclage et les autres formules de valorisation de matière, y compris les opérations de remblayage qui utilisent des déchets au lieu d’autres matériaux, des déchets non dangereux de construction et de démolition, à l’exclusion des matériaux géologiques naturels définis dans la catégorie 17 05 04 de la liste des déchets, passent à un minimum de 70 % en poids ».
[11] BRGM, « Construire de nouveaux sols »[en ligne].
[12] Landau B, Diab Y (dir.). (2020). La terre dans tous ses états, Paris, Presses des Ponts.
[13] La signification du terme « intégré » signifie le développement et la mise en œuvre d’une panoplie de solutions de valorisation à l’échelle d’un territoire. Dans nos analyses, nous nous concentrons sur la région Île-de-France.
[14] Nous entendons par « territorialisée », une échelle spatiale qui va au-delà du projet urbain de construction qui a produit les terres en question. En effet, un projet seul ne peut pas constituer une échelle spatiale suffisante pour une valorisation des terres excavées, le passage par l’étape stockage est importante pour une gestion temporelle durable (filières et projets). Nous avons identifié la production de matériaux de construction, des aménagements paysagers et aussi la renaturation de friches.
[15] Plan économie circulaire de Paris. 1ère feuille de route : adoptée au Conseil de Paris des 3, 4 et 5 juillet 2017 [en ligne].
[16] Landau B, Diab Y. (2017). Le génie urbain revisité, Presses de l’ENPC, 245 p. Cette notion de génie urbain refondé permet de décloisonner les disciplines (génie civil, aménagement, physique des sols, décision publique…) et intègre les échelles spatiales, les enjeux environnementaux et les jeux d’acteurs.
[17] Guillerme A. (2020). « Le terrassement des sols parisiens. XVIIIe-XXe siècles », dans Landau B, Diab Y (dir.), La Terre dans tous ses états, Paris, Presses des Ponts, p. 17.
[18] Si le génie urbain est un concept formalisé par Claude Martinand (1987), il a été refondé sur la base du décloisonnement des disciplines et l’intégration d’une approche systémique urbaine afin d’intégrer les enjeux du développement durable et l’économie circulaire. Ce renouveau du concept a fait l’objet de travaux menés au sein de l’université Gustave Eiffel et de l’école des ingénieurs de la ville de Paris. Il répond d’une manière pertinente aux enjeux de la gestion durable des terres excavées (Landau et Diab, 2017, op. cit.).
[19] « Petite histoire de l’eau usée en milieu urbain : Des techniques et des hommes ». Bibliographie sélective. Paris, BNF 2019 [en ligne].
[20] Grumbach A. (2020). « La terre comme matériau. Les Belvédères du Grand Paris », dans Landau et Diab (dir.), op. cit., p. 127-137.
[21] Tendance de l’art contemporain apparue aux États-Unis vers 1967 et caractérisée par un travail dans et sur la nature. Cette tendance doit sa création à Robert Smithson, un des premiers fondateurs du land art.
[22] [tourisme-plainecommune-paris.com]
[23] Diab Y. (2022). Les terres urbaines : valeurs positives pour la ville de demain, Paris, Eyrolles, 223 p.
[24] Way T. (2019). The landscape architecture of richard haag: from modern space to urban ecological design, Washington, Washington University Press, 248 p.
[25] Castro R. (2018). « Du Grand Paris à Paris en grand », rapport de la mission confiée par M. le président de la République Emmanuel Macron, Éditions PC, 161 p.
[26] D’après les prévisions du Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD), les déblais non inertes représentent moins de 10 % du volume total des terres excavées (voire moins de 1 % pour les déchets dangereux) (voir « Plan régional de prévention et de gestion des déchets : enquête publique », PRPGD 2019, cahier II, p. 256, iledefrance.fr/PRPGD).
[27] Bastin A. (2021). La Gouvernance de la gestion des déblais en Île-de-France, document produit dans le cadre du projet européen Cycle Terre.
[28] Voir PRPGD 2019, cahier II.
[29] Bastin A. (2021). « Évolutions du projet et apprentissages en termes de gouvernance », document produit dans le cadre du projet européen Cycle Terre. [En ligne].
[31] Diab Y, Fernandez M. (2020). « Vers un projet urbain pour des terres urbaines ? », dans Landau B, Diab Y (dir.), op. cit., p. 97-109.
[32] Miguet L. (2020). « Un technosol fertile sur le parvis du château de Vincennes », Le Moniteur, juin.
[33] Ben Jemaa F. (2019). « Évaluation de la qualité des composts, des pratiques et de la potentielle contamination des sols », mémoire de master en sciences et technologie de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement, UPEC.
[34] Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.
[35] Ministère de l’Environnement (2017). « Note du 19 avril 2017 relative aux sites et sols pollués – Mise à jour des textes méthodologiques de gestion des sites et sols pollués de 2007 » [en ligne] et BRGM. « Méthodologie de valorisation des terres excavées » [en ligne].
[36] Canavese M, Rémy E. (2021). Retour d’expérience socio-technique sur les pratiques de jardinage amateur (péri)urbain et l’évaluation des risques associés. Du constat à la proposition de mesures de précautions pour les usages des sols (péri)urbains, rapport PRSE3, 77 p.
[37] Rapport Phytexppo : phytodisponibilité des ETM pour les plantes potagères et extrapolations dans la quantification de l’exposition des consommateurs, ADEME, mai 2017.
[38] UNEV (Union Nationale des Entreprises de Valorisation). « Valoriser les matériaux d’excavation et de déconstruction » [en ligne].
[39] Au Fil de l’Ourcq. « Pierre-Simon GIRARD (1765 – 1836): biographie » [En ligne]
[40] Cette temporalité est au cœur du système de la gestion des terres inertes issues des excavations, le stockage pour identifier le lieu de valorisation est l’option privilégiée ou à privilégier.
[41] Dupuy G. (1981). « Pour un génie urbain problématique », Annales de la Recherche Urbaine, n° 13, p. 3-21. [En ligne].
[42] Thibault S. (2000). « Le génie urbain. La ville et l’urbain, l’état des savoirs », La Découverte, p. 244-254, halshs-00006029. [En ligne].
[43] Diab Y. (2000). « Génie urbain et environnement : des pistes de recherches », habilitation à diriger des recherches, université de Savoie, 127 p.
[44] Barles S. (2015). « L’urbanisme, le génie urbain et l’environnement. Une lecture par la technique », Riurba, n° 1. [En ligne].
[45] Diab Y, Fernandez M. (2020). « Vers un projet urbain pour des terres urbaines ? », dans Landau B, Diab Y (dir.), La terre dans tous ses états, Paris, Presses des Ponts et Chaussées, p. 97-110 [En ligne].