frontispice

Les politiques publiques au Japon
Un cadre favorable à l’émergence
d’innovations sociales pour le maintien
à domicile des personnes âgées

• Sommaire du no 14

Camille Picard Lab’Urba

Les politiques publiques au Japon : un cadre favorable à l’émergence d’innovations sociales pour le maintien à domicile des personnes âgées, Riurba no 14, janvier 2023.
URL : https://www.riurba.review/article/14-habitat/japon/
Article publié le 1er mars 2024

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Camille Picard
Article publié le 1er mars 2024
  • Abstract
  • Résumé

Public policies in Japan: A framework conducive to the emergence of social innovations for elderly homecare

Facing an aging population, governments must adapt to new challenges. Socio-demographic changes have highlighted the difficulties encountered by the most vulnerable. The need for adaptation is now known and new solutions must be found. In Japan, the government is trying to promote new practices and initiatives. Since 2012, Japan has implemented the community-based integrated care system, which has allowed each municipality to confront the challenges of home care and provide territorial responses. A great deal of autonomy is also given to stakeholders in the home-care sector. This autonomy has resulted in varying levels of engagement among local stakeholders from one community to another. It manifests in the form of initiatives, which we exemplify in the article through two case studies.

Face au vieillissement de la population, les gouvernements doivent répondre à de nouveaux défis, tels que l’augmentation du nombre de personnes en besoin d’aide et de soins. Les évolutions sociodémographiques ont mis en évidence la diversité des difficultés rencontrées par les plus vulnérables. La nécessité d’adaptation est désormais connue, et de nouvelles solutions doivent être trouvées. Au Japon, le gouvernement tente de promouvoir de nouvelles pratiques et initiatives, en particulier à l’échelle locale. Depuis 2012, ce dernier a mis en place le système de soins intégrés communautaires, qui a permis à chaque commune de se saisir des enjeux du maintien à domicile et d’apporter des réponses territorialisées. Une grande autonomie est également laissée à l’ensemble des parties prenantes du maintien à domicile. Cette autonomie a engendré une mobilisation des acteurs locaux, différente d’une collectivité à une autre. Elle prend la forme d’initiatives que nous illustrons dans l’article par deux études de cas.

Cet encadré technique n’est affiché que pour les administrateurs
post->ID de l’article : 4363 • Résumé en_US : 4386 • Résumé fr_FR : 4382 •

Introduction

Les évolutions démographiques et l’augmentation du nombre de personnes âgées de 65 ans et plus[1]Nous faisons ici référence au phénomène couramment décrit comme « vieillissement de la population ». Le seuil des 65 ans est retenu par les institutions nationales comme internationales (INSEE, OMS, OCDE, etc.) bien que cet emploi soulève de nombreuses questions (peut-on réellement qualifier d’âgée une personne de 65 ans ?). dans le monde obligent à repenser nos habitats et politiques publiques. Le Japon est le premier pays à faire face à ces transformations. En 2020, c’est 28 % de la population qui est âgée de 65 ans et plus sur l’archipel, contre 20,5 % en France (Cabinet Office, 2021[2]Cabinet Office. (2021). Annual Report on the Ageing Society: 2021. [En ligne ; INSEE, 2020[3]INSEE. (2020). Population par âge. [En ligne). En plus de l’accroissement de la part des personnes âgées, la population japonaise diminue. Entre 2010 et 2020, l’archipel a perdu environ 2 millions d’habitants. Plusieurs phénomènes expliquent cette situation : la génération des baby-boomersest aujourd’hui à la retraite ; la natalité connaît une baisse notable, corrélée à celle du nombre des mariages (les naissances hors mariage ne représentent que 2,3 % des naissances au Japon) ; l’allongement de la durée de la vie.

Dans ce contexte, la question de l’habitat et du maintien à domicile se pose fortement. Vieillir et mourir chez soi reste une priorité pour les gouvernements et les habitants, notamment en France et au Japon. Alors que ce sujet est traité depuis plusieurs décennies en France, le cas japonais apporte un nouveau regard sur ce que peut être une politique de maintien à domicile dans une société ultravieillissante. Afin de répondre aux défis et aux besoins d’une partie croissante de la population, de nouvelles formes de soins, d’entraide et, plus largement, de types d’habitat voient le jour. Le maintien à domicile est appréhendé dans l’article en tant que choix des personnes à vivre dans un environnement familier, dans lequel elles se sentent « chez elles » et qui n’est pas limité aux quatre murs du logement. Par conséquent, il renvoie à une appréhension individuelle susceptible de s’étendre au quartier. À travers cet article, nous tentons de répondre aux problématiques suivantes : comment le gouvernement japonais a créé un contexte favorable à l’émergence d’innovations sociales (abordées et définies dans la première partie de l’article) pour le maintien à domicile des personnes âgées ? De quelles manières se matérialisent ces innovations ?

Les éléments présentés s’inscrivent dans le cadre d’une thèse[4]La thèse, dont la soutenance s’est tenue le 17 février 2023, s’intitule « Le Japon face aux enjeux démographiques : politiques publiques et innovations sociales en faveur du maintien à domicile des personnes âgées ». La thèse s’intéresse au rapport du Japon au vieillissement de la population : depuis quand et comment l’État japonais mène-t-il des mesures en faveur du maintien à domicile ? Sous quelles modalités ? Cinq études de cas illustrent les initiatives mises en œuvre à l’échelle locale. réalisée entre 2019 et 2022. Des enquêtes de terrain ont été menées en 2019 et 2020. Deux arrondissements de la ville de Tokyo ont été investigués, celui de Bunkyō et celui d’Adachi. Ce choix s’est appuyé sur une analyse statistique des arrondissements de la ville, qui a permis d’identifier plusieurs catégories de localités aux caractéristiques différentes (analyse par classification ascendante hiérarchique). Des contacts ont été établis dans les arrondissements de Bunkyō et d’Adachi, ce qui a facilité l’ouverture du terrain et les investigations nécessaires. Les cas présentés dans l’article découlent de ces deux arrondissements.

Dix-sept professionnels ont été rencontrés à une ou deux reprises. Ce sont des agents de mairie, des travailleurs sociaux, des professeurs d’université, des acteurs associatifs et des professionnels de l’industrie du logement (promoteurs, fournisseurs d’aménagements et d’appareils électroménagers, etc.). Les thématiques abordées concernaient leur perception du vieillissement de la population, les actions menées en faveur des aînés et leur connaissance des acteurs.

Certaines personnes ont été rencontrées lors de la phase exploratoire en dehors des deux terrains d’enquêtes. Deux contacts ont été établis en dehors de la ville de Tokyo : une responsable de la ville de Fukuoka, rencontrée par l’intermédiaire de la responsable de la promotion communautaire et du bien-être de l’arrondissement de Bunkyō, et un analyste politique japonais de l’OCDE rencontré à l’occasion d’une conférence en France.

Une quarantaine de personnes âgées japonaises ont été rencontrées, dont certaines en groupe. Ces rencontres groupées ont été l’occasion de faire circuler un questionnaire sur les conditions de vie et de susciter des conversations autour de ce dernier. Six personnes ont été interrogées plusieurs fois à leur domicile, où des entretiens semi-directifs ont été réalisés. D’autres échanges ont eu lieu de manière plus informelle. La plupart des personnes interrogées étaient membres d’une association locale, impliquées dans la vie de leur quartier et sensibilisées aux questions du maintien à domicile à travers leurs activités.

La recherche, qui se situe à la croisée de plusieurs disciplines (entre autres, la sociologie, les sciences politiques, l’urbanisme, l’économie, la philosophie), a également été nourrie d’une littérature institutionnelle japonaise importante.

La première partie de l’article est consacrée à la définition et aux diverses approches de l’innovation sociale. Lors de l’analyse d’un pays étranger confronté à des enjeux d’une ampleur inédite se posent d’importantes questions méthodologiques afin d’éviter une perspective trop étroitement centrée sur sa propre culture. L’innovation sociale, telle qu’elle est définie dans la littérature internationale, établit un cadre analytique qui permet non seulement d’explorer et d’analyser les réponses à ces enjeux, mais également de contourner les écueils de l’ethnocentrisme. Cette approche offre des perspectives pertinentes et facilite une analyse des études de cas. En outre, l’appréhension des principaux travaux sur le sujet a permis la construction d’une grille d’analyse multicritères et multiniveaux, et se traduira graphiquement par l’utilisation d’un diagramme de Kiviat. Les résultats de l’analyse des cas se fondent donc à la fois sur des critères déjà éprouvés par la recherche et sur une représentation visuelle de ces derniers. Dans une seconde partie, nous montrons en quoi les politiques publiques japonaises créent un cadre favorable à l’émergence d’innovations sociales pour le maintien à domicile des personnes âgées sur les terrains investigués. Enfin, deux études de cas, qui traduisent à la fois une volonté étatique et celles d’acteurs locaux, sont présentées sous le prisme de l’innovation sociale.

Figure 1. Évolution de la population selon les classes d’âge au Japon, en 2021, 2040 et 2065 (en milliers) (source : Cabinet Office, 2021[5]Op. cit. – réalisation de l’autrice).
Figure 2. Évolution de la population selon les classes d’âge en France, en 2021, 2040 et 2070 (en milliers) (source : INSEE, 2021a[6]INSEE. (2021a). 68,1 millions d’habitants en 2070 : une population un peu plus nombreuse qu’en 2021, mais plus âgée [En ligne, 2021b[7]INSEE. (2021b). Taille et composition des ménages [En ligne – réalisation de l’autrice).

Innovations sociales : de quoi parle-t-on ?

Deux enjeux principaux ont été identifiés lors des enquêtes menées dans les arrondissements de Bunkyō et d’Adachi : la compréhension des différences existantes entre des systèmes de maintien à domicile de deux arrondissements d’une même ville et la qualification de ces systèmes.

Les enjeux et les besoins que représente le vieillissement de la population mobilisent de nombreux secteurs (santé, logement, public, privé, etc.) et de multiples acteurs. Les échelles auxquelles interviennent ces derniers sont également variées. L’innovation sociale permet de prendre en compte l’ensemble de ces paramètres. Toutefois, les approches sont nombreuses et ne mettent pas l’accent sur les mêmes critères : les conditions d’émergence, les acteurs porteurs de l’innovation, les conséquences visées. Malgré ces différences, deux éléments sont centraux pour appréhender l’innovation sociale :

– l’élément de nouveauté : l’innovation est considérée comme « nouvelle » à partir du moment où elle est « nouvelle au contexte dans lequel elle apparaît » (TEPSIE, 2014[8]TEPSIE. (2014). Social Innovation Theory and Research – A Guide for Researchers. Transformative Social Innovation Theory [En ligne). Elle peut être ancienne dans d’autres ;

– la réponse à des besoins sociaux individuels et/ou collectifs susceptible de jouer un rôle dans « l’articulation ou la formation des besoins sociaux » par leur légitimation et leur reconnaissance (idem).

Une innovation est également susceptible de prendre de nombreuses formes : celle d’un service, d’un produit, d’une pratique, d’un processus, d’une règle, d’une réglementation, ou bien une combinaison de ces différentes formes.

L’innovation sociale en tant qu’outil d’amélioration
des systèmes économiques, sociaux et politiques

Certaines approches, principalement anglo-saxonnes, présentent l’innovation sociale comme un moyen d’améliorer le système socio-politico-économique existant.

Selon Nadine Richez-Battesti et al. et repris par l’institut Jean-Baptiste Godin, deux courants se complètent dans la littérature anglophone (Contribution Institut Godin, 2013[9]Contribution de l’Institut Godin. (2013). L’innovation sociale en pratiques solidaires. Émergence, approches, caractérisation, définition, évaluation [En ligne ; Richez-Battesti et al., 2012[10]Richez-Battesti N, Petrella F, Vallade D. (2012). « L’innovation sociale, une notion aux usages pluriels : quels enjeux et défis pour l’analyse ? », Innovations, n° 38, p. 15‑36 [En ligne). D’une part, l’école des recettes marchandes qui considère les entreprises sociales comme une forme d’organisation visant à résoudre les problèmes de financement des organisations à but lucratif ou non (idem). D’autre part, l’école de l’innovation sociale qui met l’accent sur l’instigateur de l’innovation, dont la capacité et la volonté sont déterminantes dans la réalisation d’un objectif social (idem). Dans ces deux courants, l’émergence de l’innovation est dépendante d’acteurs privés qui sont susceptibles de s’inscrire dans une démarche philanthropique ou entrepreneuriale.

La littérature japonaise sur l’innovation sociale présente de nombreuses similitudes. Elle est principalement développée par des chercheurs formés aux approches économiques et commerciales. Il y a peu d’interaction avec la recherche européenne. Kenji Tanimoto, qui a publié sur le sujet, s’est inspiré des théories anglo-saxonnes dans son approche de l’innovation sociale (Tanimoto, 2008a[11]Tanimoto K. (2008a). « A conceptual framework of social entrepreneurship and social innovation cluster: a preliminary study », Hitotsubashi Journal of Commerce and Management, n° 42, p. 1‑16., 2008b[12]Tanimoto K. (2008b). « The emergence of social entrepreneurship and its strategy in Japan », ResearchGate, janvier. [En ligne ; Tanimoto et Doi, 2007[13]Tanimoto K, Doi M. (2007). « Social innovation cluster in action: a case study of the San Francisco Bay Area », Hitotsubashi Journal of Commerce and Management, n° 41, p. 1-17. [En ligne). Il définit l’innovation sociale comme le développement de nouveaux biens, services et systèmes uniques pour répondre aux problèmes sociaux tels que la santé, l’éducation, l’environnement, l’aide aux pays des Suds, etc. La création de nouveaux modèles organisationnels pour fournir ces biens et services en est également une caractéristique (idem).

Ken Aoo, par contre, souligne l’évolution de l’utilisation des théories de l’innovation sociale, notamment les théories européennes qui diffèrent des approches « traditionnelles », et se concentrent davantage sur les implications macroéconomiques de l’innovation, ses effets sociaux et les changements systémiques qu’elle engendre (Aoo, 2019[14]Aoo K. (2019). « Social innovation in Japan: de facto social innovation and its limitations », dans Howaldt J, Kaletka C, Schröder A, Zirngiebl M (dir.), Atlas of social innovation, 2nd volume: A world of new practices, p. 115-117, Munich, Oekom.).

Ces approches anglo-saxonnes s’inscrivent davantage dans une logique marchande et ne bouleversent pas les modèles actuels (économiques, sociaux, etc.).

L’innovation sociale en tant que moyen de rupture

Un autre versant de la littérature sur l’innovation sociale présente cette dernière comme un outil de rupture avec un système existant (politique, économique, social) (Besançon et al., 2014[15]Besançon E, Chochoy N, Guyon T. (2014). L’innovation sociale : principes et fondements d’un concept, Paris, L’Harmattan.). Elle est décrite, entre autres, comme un instrument de démocratisation et comme un outil d’appropriation de l’environnement par les citoyens. Cette approche est partagée par une majorité d’auteurs francophones.

Les chercheurs de l’institut Godin ont proposé une classification des approches de l’innovation sociale. La première est l’école de l’entreprise sociale, qui émerge principalement du réseau de chercheurs EMES (Emergence of European Social Enterprises) (Contribution de l’institut Godin, 2013[16]Op. cit.). La deuxième est l’approche institutionnaliste mise en avant par le CRISES au Québec (idem). Si la première approche considère l’entreprise comme productrice d’innovation sociale, son objectif n’est pas le profit. Son action sociale se traduit à la fois dans sa finalité et dans son processus. L’émergence de l’innovation est conditionnée à un travail démocratique et collectif.

En outre, ce qui donne à l’innovation son caractère social, c’est sa relation à des pratiques « solidaires ». Les pratiques sont considérées comme solidaires dès lors qu’elles sont liées à la justice, la démocratie, la réciprocité, la proximité, etc. La place des citoyens et le pouvoir qui leur est accordé sont essentiels dans cette conception de l’innovation sociale. En ce sens, l’innovation sociale offre un cadre d’action aux citoyens pour agir dans et sur la société. Dans leur ouvrage collectif, Moulaert et al. (2013[17]Moulaert F (dir.). (2013). The international handbook on social innovation: Collective action, social learning and transdisciplinary research, Cheltenham, Elgar.) proposent d’aborder l’innovation sociale comme des « solutions progressives pour tout un tas de problèmes d’exclusion, de privation, d’aliénation, le manque de bien-être et toutes les actions contribuant positivement et significativement au progrès et développement humain ».

Enfin, Frank Moulaert et al. (2017[18]Moulaert F, Mehmood A, MacCallum D, Leubolt B. (2017). Social innovation as a trigger for transformations—The role of research, Publications Office of the European Union. [En ligne)ont mis en avant le rôle de l’innovation sociale dans l’essor des communautés de quartier dans leur analyse du modèle ALMOLIN (ALternative MOdels for Local Innovation[19]Modèle développé dans le cadre de la recherche SINGOCOM (Social INnnovation in GOvernance in—local—COmmunities), financée par la Commission européenne au début des années 2000.). Entre autres, l’innovation sociale favoriserait l’émergence d’une économie sociale et de l’entraide, une gouvernance démocratique, l’apparition de tensions entre communautés et la société dans son ensemble.

Malgré quelques critiques sur les limites à l’utilisation des théories de l’innovation sociale[20]Par exemple, la définition des « besoins » est sujette à débat., ce cadre analytique reste néanmoins pertinent afin d’appréhender les initiatives observées au Japon. Il offre la possibilité de caractériser les initiatives selon un ensemble de critères, discutés dans la littérature internationale, y compris japonaise. Dans le cadre de cet article et des contraintes imposées par l’exercice, nous partons du principe que les cas présentés répondent à la définition générale de l’innovation sociale présentée en introduction de la première partie. Il s’agit donc ici d’explorer leurs modalités d’application.

Les éléments de définition et d’analyse sélectionnés

Face à cette multitude de théories sur l’innovation sociale, nous n’avons pas pour ambition d’apporter une énième définition, mais plutôt d’en choisir les critères les plus pertinents afin d’appréhender et de positionner nos études de cas dans ce paysage d’innovations sociales. Les éléments décrits dans l’article nous ont conduite à créer une grille d’analyse synthétisant les approches de l’innovation sociale. La grille (tableau 1) comprend cinq critères et quatre modalités d’application[21]Des numéros sont associés à ces modalités. Ces numéros ne correspondent pas à un système de notation mais sont utiles à la représentation graphique des modalités (cf. figure 9).. Les cas présentés répondent au préalable à la définition générale de l’innovation sociale présentée ci-dessus.

Le diagramme de Kiviat (également appelé diagramme radar, en étoile ou en toile d’araignée) facilite la prise en compte d’un nombre suffisant d’éléments et de leur attribuer des modalités d’application.

Plus concrètement, les cinq critères et les quatre modalités d’application choisis sont les suivants :

– l’ampleur et l’étendue géographique des initiatives sur les territoires seront évaluées, qu’elles soient internationales, nationales, régionales ou locales ;

– le réseau d’acteurs mobilisés autour des projets étudiés et l’étendue de ce réseau seront évalués, de l’entrepreneur social comme seul porteur à un réseau d’acteurs développé (plusieurs parties prenantes porteuses et/ou associées à l’initiative) ;

– les manières dont les initiatives sont en rupture ou non avec les normes, les réglementations préexistantes et le secteur public. Le niveau de rupture sera évalué en fonction du degré d’implication du secteur public (initiative du secteur public, en coopération avec le secteur public, initié en dehors de la sphère publique, mais dans le respect des normes et réglementations, ou avec l’intention d’être perturbateur) ;

– la mobilisation des citoyens volontaires dans les initiatives ; allant de la non-mobilisation à des projets entièrement réalisés par des volontaires ;

– la logique économique des initiatives, en mesurant si elles assimilent ou non une logique de marché et de profit.

L’approche par l’innovation sociale donne ainsi les moyens d’appréhender les solutions proposées par un ensemble d’acteurs afin de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Utiliser cette notion, pourtant qualifiée de « quasi-concept » par certains, rend possible une analyse des initiatives innovantes observées afin d’en relever les principales caractéristiques et d’en déceler les différences (TEPSIE, 2014[22]Op. cit.).

Une prise en compte progressive
du vieillissement de la population dans les politiques publiques
et une responsabilisation des acteurs locaux

Les innovations sociales identifiées sur nos terrains d’étude s’inscrivent dans une histoire des politiques publiques favorables aux personnes âgées, remontant aux années 1960. Depuis les années 1990 cependant, les politiques publiques japonaises ont été orientées vers une prise en charge des besoins des personnes âgées par les autorités locales et une valorisation des initiatives territorialisées.

Intensification des mesures étatiques
en faveur du maintien à domicile

La prise en compte des enjeux du vieillissement de la population se reflète tardivement dans les politiques publiques nippones. Les premières mesures mises en œuvre à partir des années 1960 ont été consacrées à des questions sanitaires et à l’aide aux plus en difficulté (maisons de retraite à faibles coûts, aides pour personnes âgées avec des besoins d’aide et de soins importants, etc.) Ce constat n’est pas étonnant puisque l’État japonais a une implication historiquement faible dans les affaires sociales. Un premier changement s’observe en 1973 avec la mise en place de la gratuité des frais médicaux pour les personnes âgées, avant leur suppression en 1983 par la promulgation de la loi sur les services médicaux et de santé pour les personnes âgées. À la toute fin des années 1980, l’État prend la mesure des transformations sociodémographiques et propose une vision plus globale du maintien à domicile à travers des Gold Plans qui combinent les aspects matériels (adaptation du logement) et les aspects immatériels (aides sociales).

Les années 2000 marquent un tournant essentiel dans les politiques de maintien à domicile au Japon. La loi sur l’assurance de soins de longue durée de 2000 (介護保険 – kaigo hoken) a renforcé l’intervention de l’État dans une approche préventive en faveur du maintien à domicile des personnes âgées. Cette dernière, toujours en vigueur, a posé le cadre de ce qui a été, par la suite, un renforcement des solidarités locales ainsi que l’émergence d’initiatives innovantes. Par ailleurs, la loi a été conçue pour soulager les familles aidantes et offrir une alternative à l’hospitalisation à laquelle les personnes âgées recouraient, faute de mieux. Ainsi, la loi devait permettre de passer « d’un soutien par la famille à un soutien par la société » (Morikawa, 2014[23]Morikawa M. (2014). « Towards community-based integrated care: Trends and issues in Japan’s long-term care policy », International Journal of Integrated Care, n° 14 [En ligne). Dès les premières lignes, le « soutien à l’indépendance »[24]Les termes de dépendance, indépendance et autonomie sont discutables, mais sont repris tels qu’ils sont mentionnés. est mentionné. L’objectif est de favoriser la prévention en agissant en amont d’une perte d’autonomie plutôt que d’intervenir une fois la situation de dépendance avérée[25]La perte d’autonomie est évaluée selon une grille qui comporte des similitudes avec la grille AGGIR..

Les bénéficiaires des soins de longue durée sont mis au centre de ce système. La possibilité leur est laissée de choisir les services utilisés et leurs prestataires. L’ensemble des prestations est organisé selon un plan de soins selon les conseils d’un care manager. Le secteur public assume 90 % des frais (70 % pour les ménages les plus aisés), laissant 10 % à la charge des ménages. Les services dont peuvent bénéficier les personnes âgées sont des services de « soutien » (aide à la toilette, accueil de jour, soins à la maison, etc.), des services de « soutien et de soins » (location de matériels de compensation au vieillissement, par exemple) ou des services de « soins » (aide au repas, maison de retraite médicalisée, etc.).

Enfin, l’assurance de soins de longue durée offre la possibilité aux personnes âgées d’aménager leur logement (installation de main courante, toilettes adaptées, abaissement de la baignoire, etc.). Ces solutions matérielles sont néanmoins peu développées par le secteur public. Ce dernier oriente ses interventions vers les aspects sociaux, comme en témoigne le système de soins intégrés communautaires, abordé dans la partie suivante.

Le système de soins intégrés communautaires
au Japon : une politique favorable
aux initiatives socialement innovantes

Dans le cadre de l’assurance de soins de longue durée, le ministère japonais de la Santé a initié un groupe de recherche qui a formulé et défini des lignes directrices pour la mise en place du système de soins intégrés communautaires[26]La communauté réfère à la fois à une dimension géographique du quartier et à la dimension humaine du voisinage. (chiiki hōkatsu kea shisutemu) (Morikawa, 2014[27] Op. cit. ; Tsutsui, 2014[28]Tsutsui T. (2014). « Implementation process and challenges for the community-based integrated care system in Japan », International Journal of Integrated Care, n° 14 [En ligne). Ce système est défini en 2008 comme une structure « communautaire qui, après avoir apporté des conditions d’habitation en cohérence avec les besoins, peut fournir à chaque senior non seulement des soins de santé et des soins de longue durée, mais également une diversité de services d’assistance pour assurer la sécurité, le bien-être et la santé dans la vie quotidienne » (idem). L’objectif est d’offrir à chaque collectivité locale[29]Les enjeux engendrés par le vieillissement de la population sont transversaux et partagés par les différents niveaux de collectivités : la sécurité sociale pour l’État, les centres de soins publics pour les préfectures, le système de soins intégrés communautaires pour les communes, etc. une assise législative et réglementaire adéquate pour élaborer son système en accord avec ses particularités (sociales, démographiques, système d’acteurs, etc.). Le rôle des collectivités dans l’application de ce système est susceptible de différer ; les deux cas présentés dans la troisième partie en sont l’illustration.

Le système est officiellement mis en place en 2012, et le gouvernement fixe l’année 2025 comme objectif d’implantation à l’ensemble des communes (Japan Association of Elderly Housing Advisers, 2018[30]Japan Association of Elderly Housing Advisers. (2018). Kōreisha sumai shurui to erabikata—Kōreisha sumai adobaizā kentei kōshiki tekisuto [dai ni-ban] (kaigo hoken-hō 2018-nen kaisei taiō) [Logement pour personnes âgées comment choisir – Conseiller en habitat pour seniors – Texte officiel de l’association [Deuxième édition] (Révision de la loi de 2018 sur les soins de longue durée)]. BookWay.). Le système est suffisamment souple pour favoriser le développement de nouvelles initiatives, socialement innovantes, en réponse aux besoins des personnes âgées. Ces lignes directrices gouvernementales offrent la possibilité de voir émerger des solutions socialement innovantes en réponse à l’accroissement du nombre de personnes âgées. D’autres critères sont évidemment susceptibles de rentrer en compte ; la mobilisation et la nature des porteurs de projet en sont un exemple, décrit ci-après. En outre, le système vise à donner la possibilité aux personnes âgées de rester dans la zone où elles ont toujours vécu, appelée « la zone/sphère de la vie quotidienne » (日常生活圏域 nichijōseikatsu keniki) (idem). Cette qualification géographique rejoint la notion de territoire développée dans les théories de l’innovation sociale. Au Japon, cette zone est un périmètre qu’il est possible de parcourir en environ trente minutes de marche, ce qui équivaut à la zone du collège au Japon (idem). Les termes « communauté » et « quartier » (地域 chiiki) sont utilisés de manière équivalente dans ce contexte. Ainsi, le système devrait permettre un maillage de services (publics et privés) infirmiers, médicaux et sociaux accessibles à moins de 30 minutes de marche pour les personnes âgées[31]Globalement, les politiques publiques japonaises mentionnent le seuil, tout à fait discutable, des 65 ans pour désigner une personne âgée. Dans le cadre du système de soins intégrés communautaires, les personnes prioritaires de ce dernier sont les personnes âgées, mais c’est l’ensemble de la population qui est susceptible d’en bénéficier.  depuis leur domicile. Les collectivités en charge de les déployer coordonnent et/ou proposent des services de proximité. En outre, il existe divers types de réseaux associatifs (entraide, veille des personnes âgées isolées, gym collective, etc.).

Selon Takao Tsutsui, le maintien à domicile des personnes âgées, et plus globalement l’aide aux personnes en besoin d’aide et de soins, ont évolué plusieurs fois avant de devenir un modèle de « soutien communautaire » (Tsutsui, 2013[33] Op. cit.) :

– jusqu’à la fin des années 1990, le soutien informel était assuré par les proches et la communauté. C’est l’époque du « soutien par la famille » ;

– durant la première partie des années 2000, le soutien aux personnes âgées se caractérise par une solidarité sous des objectifs communs appelée « soutien par la société » ;

– depuis 2006, l’accompagnement est qualifié de « soutien par la communauté » avec la systématisation des réseaux de soutien communautaires. Les systèmes de soins intégrés communautaires en sont la concrétisation.

Finalement, ces réseaux de soutien communautaires sont les lieux d’où émergent des innovations sociales, illustrées dans la partie suivante.

Des actions locales distinctes dans la capitale japonaise :
illustration par deux études de cas

Des initiatives socialement innovantes peuvent être observées dans l’ensemble de l’archipel. Elles s’inscrivent dans ce système de soins intégrés communautaires souhaité par le gouvernement central. De différentes manières, elles correspondent à plusieurs des éléments participant à la concrétisation de ce système (voir figure 3). Nous illustrons ici nos propos par la description puis l’analyse de deux études de cas.

Des différences notables
entre les arrondissements d’Adachi et de Bunkyō

Les deux arrondissements investigués ont des caractéristiques différentes et témoignent d’une diversité de situations qu’il est possible de rencontrer sur l’archipel (tableau 2[34]Il y a deux principaux niveaux de collectivités au Japon : les départements ou préfectures, au nombre de 47 ; les communes sont au nombre de 1 718 (Ministry of Internal Affairs and Communications, s. d.). La ville de Tōkyō possède un statut particulier. Elle est à la fois département, métropole et ville capitale. Ses arrondissements, appelés « arrondissements spéciaux », possèdent les mêmes compétences que les communes.). L’arrondissement d’Adachi s’étend sur 53 km2 et compte plus de 690 000 habitants, soit 7 % de la population totale des 23 arrondissements de Tokyo. L’arrondissement de Bunkyō est significativement plus petit avec ses 11 km2 et un peu moins de 227 000 habitants. En outre, Bunkyō est un arrondissement central, contrairement à Adachi, situé en bordure de Tokyo.

D’un point de vue social, les deux arrondissements sont également différents. 25 % de la population d’Adachi a 65 ans et plus, contre 20 % à Bunkyō (22 % sur l’ensemble des 23 arrondissements). Bien que ces deux localités aient un pourcentage élevé de personnes âgées de 65 ans et plus, Bunkyō est un arrondissement notablement plus jeune. La présence de 18 universités dans l’arrondissement renforce ce phénomène. L’arrondissement d’Adachi n’a pas particulièrement bonne réputation et souffre d’une image négative. Il est considéré comme socialement « difficile » par les personnes qui en sont extérieures[35]Des mises en garde ont d’ailleurs été prononcées lors des visites de terrain.. C’est notamment l’arrondissement de Tokyo dans lequel le plus de crimes ont été enregistrés par la police, et le deuxième arrondissement le plus touché par le chômage (Arrondissement d’Adachi, 2021c[36]Arrondissement d’Adachi. (2021c). Adachi-ku no nenreibetsujinkō saishinhan [Population de l’arrondissement d’Adachi par tranche d’âge – Dernière édition]. Arrondissement d’Adachi. [En ligne ; National Statistics Center, 2022[37]National Statistics Center. (2022). System of Social and Demographic Statistics Statistical Observations of Municipalities 2022.Portal Site of Official Statistics of Japan. [En ligne).

Enfin, le maillage des centres de jour à destination des personnes âgées et des établissements médicaux est significativement plus important dans l’arrondissement de Bunkyō. Par exemple, la part des logements à moins de 500 mètres d’un centre de jour est de 93 % à Bunkyō contre 58 % à Adachi. Pour les établissements médicaux, c’est 67 % des logements qui se situent à moins de 250 mètres dans Bunkyō, contre 39 % à Adachi (Arrondissement de Bunkyō, 2021[38]Arrondissement de Bunkyō. (2021). Bunkyō no tōkei [statistiques de Bunkyō]. [En ligne ; Arrondissement d’Adachi, 2021c[39] Op. cit. ; Bureau du bien-être social et de la santé publique, gouvernement métropolitain de Tōkyō, 2020[40]Bureau du bien-être social et de la santé publique, gouvernement métropolitain de Tōkyō. (2020). Nenpō (fukushi eisei gyōsei tōkei) Tōkyō-to fukushi hoken kyoku [Rapport annuel (statistiques de l’administration sociale/santé). Bureau du bien-être social et de la santé publique, gouvernement métropolitain de Tōkyō] [En ligne).

Enfin, les mairies d’arrondissement ont les mêmes compétences que les communes de l’archipel (services de proximité), ce qui les rend responsables de la mise en place du système de soins intégrés communautaires sur l’archipel.

L’arrondissement d’Adachi et le cas du quartier test
d’Umeda (梅田地区 – Umeda chiku) :
planification et stratégie de mise en place
du système de soins intégrés communautaires

Dans l’arrondissement d’Adachi, la mairie est particulièrement active dans la mise en œuvre du système de soins intégrés communautaires. Avant de l’appliquer à l’ensemble de l’arrondissement, la mairie a d’abord souhaité mettre en place le système dans un périmètre restreint, celui du quartier d’Umeda. C’est le deuxième quartier le plus peuplé de l’arrondissement ; il compte 16,1 % de sa population. La population âgée est moins importante que sur l’ensemble de l’arrondissement, avec 21,8 % d’habitants âgés de 65 ans et plus (Arrondissement d’Adachi, 2019[46]Arrondissement d’Adachi. (2019). Adachi-ku chiiki hōkatsu kea shisutemu bijon [vision du système de soins intégrés communautaires de l’arrondissement d’Adachi]. [En ligne). Les propriétaires représentent 52 % des ménages, et 35,5 % du parc de logements sont des maisons individuelles (idem).

Les agents de mairie ont décliné le système de soins intégrés communautaires en sept thématiques, comprenant plusieurs objectifs et actions. Les sept thématiques sont :

– les lieux de vie des personnes âgées ;

– le développement de services de consultations de proximité ;

– les initiatives pour les personnes atteintes de démence ;

– la fin de vie et son accompagnement ;

– le partage des informations grâce aux technologies de l’information et de la communication ;

– le renforcement des activités de veilles (mimamori) dans les communautés ;

– les initiatives diverses.

La mairie a prévu d’observer le déploiement de ce programme sur une période de deux à trois ans. Selon son succès (les observations liées à sa réussite ou non sont retranscrites dans la figure 5), il sera appliqué ou non à l’ensemble de l’arrondissement.

En outre, il est possible d’analyser les actions déployées selon trois axes :

– l’intégration globale des enjeux du vieillissement, du médical au social (conseil au logement, conseils nutritionnels, services de consultation de proximité, etc.) ;

– l’accessibilité des informations (action de communication dans les centres communautaires, par exemple) ;

– la sensibilisation des enjeux du vieillissement auprès de l’ensemble de la population (cours de sensibilisation à la démence, intervention dans les écoles, etc.).

Figure 4. Réunion de concertation pour l’établissement de la vision du système de soins intégrés communautaires appliqué au quartier test d’Umeda, 2019 (source : Arrondissement d’Adachi, 2019[47]Op. cit.).

Une part d’informalité est présente dans une partie des actions menées (6 sur 13). Elle se manifeste soit par la nature des acteurs, non professionnels, responsables de la matérialisation des initiatives (associations de quartier, troupe de théâtre, etc.), soit par les lieux dans lesquels les initiatives se déroulent (locaux d’une chaîne de restauration rapide, consultation dans les centres commerciaux et dans des festivals, etc.).

Par ailleurs, entre novembre 2019 et mars 2020, le gouvernement local a publié chaque mois un prospectus de valorisation des projets menés, intitulé « À partir de 65 ans la vie dynamique d’Umeda » (figure 6). Par exemple, le recto du numéro de mars 2020 montre des représentations de théâtre (en haut) données sur le thème de la fin de vie (« grâce aux rires » dans le texte) et sur le thème « vivre à sa façon ».

Figure 6. Recto du prospectus « À partir de 65 ans la vie dynamique d’Umeda » de mars 2020 (source : Arrondissement d’Adachi, 2020[48]Arrondissement d’Adachi. (2020). Roku jū go sai kara no iki iki Umeda kurashi [Vie dynamique à Umeda à partir de 65 ans].).

Le prospectus reprend les trois axes identifiés dans notre analyse des actions du gouvernement local. Le vieillissement est appréhendé de façon globale, les informations sur le sujet sont accessibles sous différents formats et permettent de toucher un large public.

L’arrondissement de Bunkyō et l’accompagnement
à la fin de vie au travers du cas
« Bunkyō votre histoire » (文京ユアストーリー)

Le conseil local de protection sociale[49]Organismes privés à but non lucratif rendant des services d’intérêt public aux populations fragiles (社会福祉協議会 – shakai fukushi kyōgikai). Ils sont présents dans chaque arrondissement de la ville et sont financés par le secteur public. de l’arrondissement de Bunkyō a mis en place, en avril 2019, un projet intitulé « Bunkyō votre histoire » (文京ユアストーリー – Bunkyō yua sutōrī). Le projet est fondé sur un principe de souscription à des services de deux catégories différentes (Arrondissement de Bunkyō, 2019a[50]Arrondissement de Bunkyō. (2019a). Watashi-tachi no kaigo hoken [Notre assurance de soins de longue durée].) :

– orientation et soutien à la vie quotidienne, selon ses capacités physiques et mentales ;

– accompagnement à la fin de vie et post mortem.

Les services proposés mettent l’accent sur des enjeux peu abordés par le secteur public : les situations d’aide et de soins, ainsi que la mort. L’objectif du programme est d’accompagner les personnes en fin de vie dans le respect de leurs choix (volontés funéraires, transmission du testament et des biens, etc.). Le projet du conseil local se distingue particulièrement dans l’attention portée au décès. Par exemple, si les bénéficiaires n’ont pas de proches susceptibles d’assister aux funérailles, il est possible de demander aux travailleurs sociaux d’y être présents. Selon la responsable du programme, cette option était « très importante » pour les bénéficiaires.

Un encart promotionnel a été publié dans le journal de l’arrondissement afin d’encourager les habitants potentiellement concernés par le programme à s’adresser au conseil local. Afin d’en bénéficier, il faut être âgé d’au moins 70 ans et vivre dans l’arrondissement de Bunkyō. De plus, le programme concerne les personnes ne bénéficiant ni de soutien familial ni d’autres aides publiques (Arrondissement de Bunkyō, 2019b[51]Arrondissement de Bunkyō. (2019b). Tsui katsu tō shien jigyō « Bunkyō yua sutōrī »no jisshi ni tsuite [À propos du programme « Bunkyō votre histoire » d’accompagnement à la fin de vie].).

Plus concrètement, il se découpe en quatre étapes :

– la définition des besoins, dans laquelle cinq sujets sont abordés avec le futur bénéficiaire : l’évaluation de son état de santé général, le recueil des souhaits funéraires, le recueil des souhaits de succession, le recueil des souhaits pour la gestion des biens, le recueil des souhaits médicaux ;

– l’explication du fonctionnement du service et la formulation de recommandations par le travailleur social sur la base de la phase d’évaluation. Le futur bénéficiaire donne ou non son accord ;

– l’établissement du contrat. C’est à ce moment que sont décidés quels services, sous forme d’abonnement, seront apportés à la personne. Ils sont évolutifs et ne sont pas exclusivement fournis par le conseil local, mais aussi par des organismes extérieurs[52]En fonction des services, il peut s’agir aussi bien de veille organisée par des associations que de la délivrance de repas par une entreprise. ;

– la dernière phase, qui est le décès du bénéficiaire et la finalisation post mortem des démarches administratives.

Les services rendus par le conseil local sont de plusieurs sortes : aides aux démarches administratives avec les entreprises et organismes tiers, délégation du paiement des frais de service, mise en relation avec des organismes du secteur médicosocial, orientation, gestion des effets personnels et attribution d’un care manager pour coordonner les soins médicaux.

Le programme représente un coût financier pour les bénéficiaires. Celui-ci est composé d’un versement initial (environ 15 000 yens, soit un peu plus de 100 euros), de cotisations annuelles (environ 10 000 yens, soit 70 euros), de frais administratifs et de gestion des biens, ainsi que le versement d’une caution pour les funérailles (environ 500 000 yens, soit 3 550 euros)[53]Selon les taux de change de juillet 2022.. Le coût des services réalisés par des prestataires tiers est à la charge du bénéficiaire.

Bien que le conseil local soit une organisation à but non lucratif, les prestataires de services sont susceptibles de chercher à engendrer du profit.

Les différences et ressemblances
entre les deux initiatives

Les deux études de cas présentées illustrent les potentielles formes d’initiatives en faveur du maintien à domicile sur l’archipel. Au sein de la même ville, les acteurs locaux des deux arrondissements investigués ont été en mesure de développer des solutions inédites – elles n’existaient pas avant et sont très récentes – pour répondre aux besoins non satisfaits des habitants âgés (figure 8). Ces acteurs ont bénéficié de politiques publiques nationales favorables à leur émergence, en particulier le système de soins intégrés communautaires. Cette marge de manœuvre laissée aux gouvernements et acteurs locaux a pour conséquence le développement d’innovations sociales dont les caractéristiques divergent. Dans le cadre de cet article, nous en avons présenté deux exemples.

Dans l’arrondissement d’Adachi, la mairie est particulièrement active dans la mise en œuvre du système de soins intégrés communautaires. Par ailleurs, ce programme test a été conçu en concertation avec des professionnels de différents secteurs. En 2019, une réunion a notamment été organisée par la mairie en présence « d’institutions spécialisées » (médecins, dentistes, pharmaciens, physiothérapeutes, ergothérapeutes, diététiciens, gestionnaires de soins, infirmières), de spécialistes du logement (architectes) et d’acteurs régionaux (conseil local de protection sociale, centre de soutien, etc.). L’intervention de cette multitude d’acteurs s’est traduite jusque dans la mise en œuvre du programme. Entre autres, des professionnels du monde de la santé sont intervenus pour fournir des conseils nutritionnels et des cours de sensibilisation aux enjeux du vieillissement dans les écoles primaires ainsi que dans les collèges.

Dans l’arrondissement de Bunkyō, la concrétisation du programme « Bunkyō votre histoire » est en grande partie due à l’engagement de la responsable de la promotion communautaire du bien-être au conseil local. Contrairement aux autres acteurs interrogés, elle nous a confié son mécontentement au sujet des mesures actuellement mises en œuvre qu’elle ne trouve pas assez opérationnelles. En outre, la question des personnes en besoin constant d’aide et de soins n’est pas suffisamment abordée selon elle. Son engagement auprès des populations fragiles est apprécié par ses collègues et par les habitants du quartier. Par exemple, Monsieur Kobayashi[54]Son nom a été modifié dans un souci d’anonymat. a affiché à son domicile une photo de la responsable : « J’ai été chanceux de la rencontrer, elle a changé ma vie[55]Extraits d’entretien, Monsieur Kobayashi, mai 2019. ». Avant l’intervention du conseil local, ce monsieur vivait enfermé à son domicile et ne sortait pas. Malgré sa santé fragile, il n’avait pas de suivi médical. Aujourd’hui, il est impliqué dans la vie associative de son quartier et se fait soigner pour ses problèmes de santé.

Dans les deux cas présentés, les parties prenantes des initiatives sont nombreuses mais de différentes natures. La contribution d’un large réseau d’acteurs, aux profils très divers, dont des citoyens volontaires, est un des critères de réussite du système de soins intégrés communautaires. Ce facteur est pleinement intégré au déploiement du programme test du quartier d’Umeda. Dans le cas de Bunkyō, le conseil, en tant qu’organisme coordinateur, est en contact avec divers organismes de prestations de services. Il a par ailleurs bénéficié de conseils et de l’orientation d’un professeur d’université et d’une agente de la ville de Fukuoka, au sud de l’archipel. Cette dernière a mis en place un projet similaire quelques années auparavant. Les liens sont également étroits entre le conseil et la mairie de l’arrondissement qui communiquent de façon régulière[56]Personnes rencontrées lors de mes nombreux passages au Conseil local de prévention sociale de l’arrondissement de Bunkyō.. En outre, bien que les bénéficiaires du programme soient locaux, les organismes intervenant dans le programme sont d’origines géographiques diverses, contrairement à l’arrondissement d’Adachi. C’est le cas de la Tokyo Welfare Association, en charge des funérailles, présente sur l’ensemble de la métropole. Enfin, la mobilisation de citoyens volontaires est inexistante.

L’initiative « Bunkyō votre histoire » est partiellement en rupture avec les normes établies par le gouvernement central, dans le sens où elle est consacrée à la question de la fin de vie, peu considérée dans les programmes nationaux. À la connaissance des travailleurs sociaux interrogés, l’arrondissement de Bunkyō est le premier de Tokyo à mettre en œuvre un système de ce type. C’est un nouveau service qui est présenté aux habitants de l’arrondissement. En ce sens, il s’agit bien d’une innovation sociale.

Dans le cas du quartier test d’Umeda, le programme semble correspondre à la définition générale de l’innovation sociale : il répond à des besoins non satisfaits, à la fois par une nouvelle organisation des actions en faveur du maintien à domicile (par exemple, des cours de sensibilisation au vieillissement) et par la mise en place d’initiatives inexistantes auparavant (par exemple, combinaison des services sociaux, de santé et logement). Son application à l’échelle du quartier permet pour le gouvernement local d’envisager son application à l’ensemble de l’arrondissement et, surtout, de l’adapter aux ressources à leur disposition (humaines, financières). Les logiques du marché ne sont pas particulièrement présentes dans les documents officiels ni dans le discours des agents de mairie. Enfin, l’initiative provient du gouvernement local, il n’y a pas de rupture avec un système existant mais une volonté, au contraire, de l’améliorer.

Selon les critères retenus de l’innovation sociale, le positionnement des deux projets se résume par la figure 8.

Figure 8. Positionnement du programme test du Projet « Bunkyō votre histoire » et du programme test du quartier d’Umeda, selon les différents aspects et modalités de l’innovation sociale (source : réalisation de l’autrice avec le logiciel Excel).

Les deux cas s’inscrivent parfaitement dans la perspective étatique de développement de systèmes de soins intégrés communautaires. Nos interlocuteurs dans les deux arrondissements ont présenté ces initiatives comme faisant partie de ce système, toujours en cours d’organisation, comme en témoigne le quartier test d’Umeda. La politique du gouvernement central a donc favorisé l’émergence de ces deux innovations :

– la reconfiguration des services municipaux et l’établissement d’un quartier test à Adachi en vue de la mise en œuvre du système de soins intégrés communautaires ;

– l’instauration d’un programme novateur d’intérêt public par un organisme privé à Bunkyō, en collaboration avec des acteurs publics (mairie) et privés (services funéraires, par exemple).

Bien qu’il s’agisse de deux innovations sociales, des différences subsistent néanmoins. Elles sont illustrées par le diagramme de Kiviat. La mobilisation de volontaires est, par exemple, plus accrue dans le quartier test d’Umeda. Aussi, ces deux cas démontrent la diversité des formes que peuvent prendre les innovations, et témoignent de la souplesse législative et réglementaire souhaitée par l’État. Parmi les points saillants du système de soins intégrés communautaires, on retrouve l’influence du réseau d’acteurs et l’importance de l’échelle locale.

Conclusion

Les prochaines années seront déterminantes pour observer l’appropriation et la pérennisation des innovations sociales mises en œuvre au sein des systèmes de soins intégrés communautaires ainsi que leur pérennisation.

Les dynamiques, différentes dans les deux arrondissements, sont reflétées dans les deux études de cas présentées. L’arrondissement d’Adachi, à travers le quartier test d’Umeda, s’inscrit plutôt dans une innovation organisationnelle, alors que le conseil local de l’arrondissement de Bunkyō propose un nouveau service. Dans les deux cas, des solutions innovantes aux besoins identifiés sont apportées.

En conclusion, la diversité d’interprétation de l’innovation sociale témoigne de l’importance du contexte social, économique et politique dont elle émerge. Selon le statut des instigateurs des projets, l’innovation sociale naît en cohérence ou en rupture avec les systèmes préexistants. Elle apparaît comme une réponse évidente aux défis du vieillissement de la population. Ces évolutions sociodémographiques sans précédent et les enjeux qu’elles engendrent appellent des solutions inédites.

La souplesse laissée par le gouvernement national japonais aux gouvernements locaux, en particulier avec le système de soins intégrés communautaires, rend possible l’émergence de ces nouvelles solutions. Les initiatives observées répondent aux spécificités (de moyen et de besoin) territoriales identifiées par les acteurs locaux. Bien que l’État ne soit pas l’unique raison de leur émergence, le cadre législatif et réglementaire encourage les acteurs locaux à répondre aux besoins des personnes âgées. Ces réponses sont propres aux collectivités locales et sont – pour celles étudiées – inédites. Le système de soins intégrés communautaires légitime et intègre dans une politique nationale des actions qui auraient pu rester ponctuelles et éparses. Malgré des aspects positifs, cette souplesse peut poser question, notamment dans les territoires dans lesquels peu d’acteurs souhaitent s’engager sur ces questions. Le flou des programmes nationaux tend à créer une certaine confusion auprès des acteurs interrogés qui regrettent le manque de directive précise.


[1] Nous faisons ici référence au phénomène couramment décrit comme « vieillissement de la population ». Le seuil des 65 ans est retenu par les institutions nationales comme internationales (INSEE, OMS, OCDE, etc.) bien que cet emploi soulève de nombreuses questions (peut-on réellement qualifier d’âgée une personne de 65 ans ?).

[2] Cabinet Office. (2021). Annual Report on the Ageing Society: 2021. [En ligne].

[3] INSEE. (2020). Population par âge. [En ligne].

[4] La thèse, dont la soutenance s’est tenue le 17 février 2023, s’intitule « Le Japon face aux enjeux démographiques : politiques publiques et innovations sociales en faveur du maintien à domicile des personnes âgées ». La thèse s’intéresse au rapport du Japon au vieillissement de la population : depuis quand et comment l’État japonais mène-t-il des mesures en faveur du maintien à domicile ? Sous quelles modalités ? Cinq études de cas illustrent les initiatives mises en œuvre à l’échelle locale.

[5] Op. cit.

[6] INSEE. (2021a). 68,1 millions d’habitants en 2070 : une population un peu plus nombreuse qu’en 2021, mais plus âgée [En ligne].

[7] INSEE. (2021b). Taille et composition des ménages [En ligne].

[8] TEPSIE. (2014). Social Innovation Theory and Research – A Guide for Researchers. Transformative Social Innovation Theory [En ligne].

[9] Contribution de l’Institut Godin. (2013). L’innovation sociale en pratiques solidaires. Émergence, approches, caractérisation, définition, évaluation [En ligne].

[10] Richez-Battesti N, Petrella F, Vallade D. (2012). « L’innovation sociale, une notion aux usages pluriels : quels enjeux et défis pour l’analyse ? », Innovations, n° 38, p. 15‑36 [En ligne].

[11] Tanimoto K. (2008a). « A conceptual framework of social entrepreneurship and social innovation cluster: a preliminary study », Hitotsubashi Journal of Commerce and Management, n° 42, p. 1‑16.

[12] Tanimoto K. (2008b). « The emergence of social entrepreneurship and its strategy in Japan », ResearchGate, janvier. [En ligne].

[13] Tanimoto K, Doi M. (2007). « Social innovation cluster in action: a case study of the San Francisco Bay Area », Hitotsubashi Journal of Commerce and Management, n° 41, p. 1-17. [En ligne].

[14] Aoo K. (2019). « Social innovation in Japan: de facto social innovation and its limitations », dans Howaldt J, Kaletka C, Schröder A, Zirngiebl M (dir.), Atlas of social innovation, 2nd volume: A world of new practices, p. 115-117, Munich, Oekom.

[15] Besançon E, Chochoy N, Guyon T. (2014). L’innovation sociale : principes et fondements d’un concept, Paris, L’Harmattan.

[16] Op. cit.

[17] Moulaert F (dir.). (2013). The international handbook on social innovation: Collective action, social learning and transdisciplinary research, Cheltenham, Elgar.

[18] Moulaert F, Mehmood A, MacCallum D, Leubolt B. (2017). Social innovation as a trigger for transformations—The role of research, Publications Office of the European Union. [En ligne].

[19] Modèle développé dans le cadre de la recherche SINGOCOM (Social INnnovation in GOvernance in—local—COmmunities), financée par la Commission européenne au début des années 2000.

[20] Par exemple, la définition des « besoins » est sujette à débat.

[21] Des numéros sont associés à ces modalités. Ces numéros ne correspondent pas à un système de notation mais sont utiles à la représentation graphique des modalités (cf. figure 9).

[22] Op. cit.

[23] Morikawa M. (2014). « Towards community-based integrated care: Trends and issues in Japan’s long-term care policy », International Journal of Integrated Care, n° 14 [En ligne].

[24] Les termes de dépendance, indépendance et autonomie sont discutables, mais sont repris tels qu’ils sont mentionnés.

[25] La perte d’autonomie est évaluée selon une grille qui comporte des similitudes avec la grille AGGIR.

[26] La communauté réfère à la fois à une dimension géographique du quartier et à la dimension humaine du voisinage.

[27] Op. cit.

[28] Tsutsui T. (2014). « Implementation process and challenges for the community-based integrated care system in Japan », International Journal of Integrated Care, n° 14 [En ligne].

[29] Les enjeux engendrés par le vieillissement de la population sont transversaux et partagés par les différents niveaux de collectivités : la sécurité sociale pour l’État, les centres de soins publics pour les préfectures, le système de soins intégrés communautaires pour les communes, etc.

[30] Japan Association of Elderly Housing Advisers. (2018). Kōreisha sumai shurui to erabikata—Kōreisha sumai adobaizā kentei kōshiki tekisuto [dai ni-ban] (kaigo hoken-hō 2018-nen kaisei taiō) [Logement pour personnes âgées comment choisir – Conseiller en habitat pour seniors – Texte officiel de l’association [Deuxième édition] (Révision de la loi de 2018 sur les soins de longue durée)]. BookWay.

[31] Globalement, les politiques publiques japonaises mentionnent le seuil, tout à fait discutable, des 65 ans pour désigner une personne âgée. Dans le cadre du système de soins intégrés communautaires, les personnes prioritaires de ce dernier sont les personnes âgées, mais c’est l’ensemble de la population qui est susceptible d’en bénéficier. 

[32] Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales. (s. d.). Kaigo yobō nichijō seikatsu shien sōgō jigyō no kihon-tekina kangaekata [concept de base de prévention, des soins et du soutien à la vie quotidienne] [En ligne].

[33] Op. cit.

[34] Il y a deux principaux niveaux de collectivités au Japon : les départements ou préfectures, au nombre de 47 ; les communes sont au nombre de 1 718 (Ministry of Internal Affairs and Communications, s. d.). La ville de Tōkyō possède un statut particulier. Elle est à la fois département, métropole et ville capitale. Ses arrondissements, appelés « arrondissements spéciaux », possèdent les mêmes compétences que les communes.

[35] Des mises en garde ont d’ailleurs été prononcées lors des visites de terrain.

[36] Arrondissement d’Adachi. (2021c). Adachi-ku no nenreibetsujinkō saishinhan [Population de l’arrondissement d’Adachi par tranche d’âge – Dernière édition]. Arrondissement d’Adachi. [En ligne] [NDLR. La ressource n’est plus accessible à l’adresse disponible à la date de l’article].

[37] National Statistics Center. (2022). System of Social and Demographic Statistics Statistical Observations of Municipalities 2022.Portal Site of Official Statistics of Japan. [En ligne].

[38] Arrondissement de Bunkyō. (2021). Bunkyō no tōkei [statistiques de Bunkyō]. [En ligne].

[39] Op. cit.

[40] Bureau du bien-être social et de la santé publique, gouvernement métropolitain de Tōkyō. (2020). Nenpō (fukushi eisei gyōsei tōkei) Tōkyō-to fukushi hoken kyoku [Rapport annuel (statistiques de l’administration sociale/santé). Bureau du bien-être social et de la santé publique, gouvernement métropolitain de Tōkyō] [En ligne] [NDLR. En raison d’une réorganisation de l’administration de Tōkyō, deux bureaux différents sont désormais en charge respectivement du bien-être social et de la santé publique. Les ressources ne sont plus accessibles aux adresses disponibles à la date de l’article].

[41] Op. cit.

[42] Arrondissement d’Adachi. (2021a). Adachi-ku kaigo hoken jigyō jisshi jōkyō [Activité de l’assurance de soins de longue durée d’Adachi City]. [En ligne].

[43] Arrondissement d’Adachi. (2021b). Sūji de miru Adachi reiwa 3-nen [Adachi en chiffre en 2021] [En ligne].

[44] Op. cit.

[45] Op. cit.

[46] Arrondissement d’Adachi. (2019). Adachi-ku chiiki hōkatsu kea shisutemu bijon [vision du système de soins intégrés communautaires de l’arrondissement d’Adachi]. [En ligne].

[47] Op. cit.

[48] Arrondissement d’Adachi. (2020). Roku jū go sai kara no iki iki Umeda kurashi [Vie dynamique à Umeda à partir de 65 ans].

[49] Organismes privés à but non lucratif rendant des services d’intérêt public aux populations fragiles (社会福祉協議会 – shakai fukushi kyōgikai). Ils sont présents dans chaque arrondissement de la ville et sont financés par le secteur public.

[50] Arrondissement de Bunkyō. (2019a). Watashi-tachi no kaigo hoken [Notre assurance de soins de longue durée].

[51] Arrondissement de Bunkyō. (2019b). Tsui katsu tō shien jigyō « Bunkyō yua sutōrī »no jisshi ni tsuite [À propos du programme « Bunkyō votre histoire » d’accompagnement à la fin de vie].

[52] En fonction des services, il peut s’agir aussi bien de veille organisée par des associations que de la délivrance de repas par une entreprise.

[53] Selon les taux de change de juillet 2022.

[54] Son nom a été modifié dans un souci d’anonymat.

[55] Extraits d’entretien, Monsieur Kobayashi, mai 2019.

[56] Personnes rencontrées lors de mes nombreux passages au Conseil local de prévention sociale de l’arrondissement de Bunkyō.