Popsu, une décennie de recherche en urbanisme
Une note de Jean-Baptiste Marie
Afin de porter à la connaissance les résultats du programme Popsu 2 et dans la continuité du Hors Série n°50 de la revue Urbanisme, intitulé « Dix métropoles en recherche(s) », publié en décembre 2014, des ouvrages sont à paraître en 2015. D’abord trois ouvrages thématiques aux éditions du Moniteur : – La métropole fragile, sous la direction d’Alain Bourdin, – Régulations métropolitaines : vers un nouvel ordre territorial, sous la direction de Marie-Pierre Lefeuvre, et – Economie de la connaissance et métropolisation, sous la direction d’Elisabeth Campagnac-Ascher. D’autres ouvrages monographiques à Toulouse et à Grenoble sont également en préparation. Ces ouvrages établissent un premier bilan de cette aventure interdisciplinaire entre ceux qui pensent et construisent la ville et les chercheurs des sciences humaines et sociales et de nombreux autres grands champs disciplinaires, qui l’analysent. En une décennie, les programmes de recherche de la plateforme Popsu ont ainsi posé les premières bases méthodologiques d’une recherche-action en urbanisme.
La plate-forme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu) est née d’un constat : les problématiques et connaissances développées par les milieux de la recherche sur la fabrique de la ville sont pas – ou trop peu – connu par les acteurs des services techniques des villes. En l’espace de dix ans, la plate-forme a permis de constituer un dispositif de recherche-action entre les acteurs et les chercheurs. A travers les programmes de recherche Popsu 1 (2004-2010) et Popsu 2 (2011-2014), ce sont onze métropoles en France qui ont été analysées (Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Rennes, Strasbourg, Toulon, Toulouse). Si les résultats sont signifiants par la connaissance des projets et les stratégies des grandes métropoles françaises qui ont été analysées, le programme a d’abord – et avant tout – permis que soient portées à l’agenda des chercheurs les questions rencontrées par les acteurs des villes. Les programmes ont ainsi contribué à la structuration d’un dialogue entre les acteurs – qui ont besoin d’avoir accès aux connaissances rassemblées par le milieu de la recherche – et les chercheurs qui y ont trouvé à travers la ville « en train de se faire » un nouvel objet de recherche, complexe car « instable ».
Au cours du programme Popsu 2 ce sont environ deux cent chercheurs et acteurs des villes qui ont été mobilisés et une trentaine de séminaires et de colloques qui ont été organisés aux échelles locale et nationale. Si des collaborations ont été innovantes, d’autres ont été plus difficile ou se sont attachées à des modalités de respect mutuel pour assurer un « modus vivendi ». Cependant toutes ont interrogé un décloisonnement entre chercheurs, enseignants, acteurs des services techniques et responsables politiques. Ce programme a permis à la fois d’apporter un éclairage sur la production de la ville et de faire jouer les comparaisons par des analyses transversales. Mais il a également redonné sens aux études de cas par le fait qu’il s’agissait d’observer la mise en œuvre concrète de projets et de stratégies urbaines.
Autre résultat avancé, c’est le vocabulaire de l’urbain que ce programme « en creux » repose. Il réinterroge d’abord la notion de projet, qui a remplacé les historiques notions de plan et de planification, celui-ci semble d’établir à des échelles nouvelles allant jusqu’au controversé projet métropolitain. Autre terme que ce programme a interrogé est celui de la question de la stratégie dont la polysémie l’a rendu insaisissable. Enfin, autre exemple auquel, on ne peut échapper tant les débats – du fait des injonctions de l’actualité – ont été nombreux est celui de la structuration des métropoles. Si l’article de loi n° 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles en définie le périmètre juridique, cela ne signifie pas pour autant, comme le montre Alain Bourdin, responsable scientifique du programme, que l’on sache à quelles réalités spatiales, sociales, économiques les métropoles doivent répondre.
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